[CRITIQUE] : Vivre

[CRITIQUE] : Vivre

Réalisateur : Oliver Hermanus

Avec : Bill Nighy, Aimee Lou Wood, Alex Sharp,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h42min
Synopsis :
1953. Londres panse encore ses plaies après la Seconde Guerre mondiale. Williams, fonctionnaire chevronné, est un rouage impuissant dans le système administratif de la ville qui doit se reconstruire. Il mène une vie morne et sans intérêt, mais tout change lorsqu’on lui diagnostique une maladie grave qui l’oblige à faire le point sur son existence. Rejetant son quotidien banal et routinier, Williams va alors se dépasser et enfin vivre pleinement sa vie.

Critique :

Loin d'être écrasé par le chef-d'oeuvre original d'Akira Kurosawa, #Vivre se fait une somptueuse élégie poétique qui scrute avec tendresse et délicatesse la quête du sens de la vie d'un homme au crépuscule de son existence, incarné par un Bill Nighy absolument extraordinaire. pic.twitter.com/WePotwO9Qt

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 30, 2022

Au petit jeu des comparaisons, il ne fallait pas forcément tortiller longtemps du popotin pour réaliser que le Vivre d'Oliver Hermanus partait - même malgré lui - infiniment perdant face à son matériau d'origine, le chef-d'oeuvre Ikuru d'Akira Kurosawa - lui-même inspiré d'une nouvelle de Leon Tolstoï -, dont l'ombre écrasante et l'un des pires compagnons de route qui soit.
Et cela même avec la plume d'exception du prix Nobel Kazuo Ishiguro au scénario (qui a attiré tous ses talents sur une seule et unique histoire ? Le sens de la vie certainement, lui qui est le thème central de l'histoire en elle-même).
Ce qui ne l'empêche pas pour autant d'être un formidable morceau de cinéma, un beau et puissant drame historique totalement vissé sur la performance délicate et bouleversante d'un Bill Nighy littéralement au sommet de son art.
Se déroulant dans le Londres d'après-guerre. on y suit dans la plus stricte simplicité qui soit, les aléas de M. Williams, un fonctionnaire vieillissant d'un bureau gouvernemental qui découvre qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre.

[CRITIQUE] : Vivre

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Mais ce qui aurait pu être, entre de mauvaises mains, le terreau facile et familier d'un mélodrame comme il en pleut des dizaines par saison, sert une cause infiniment plus juste et moins demonstratives (la maladie du personnage se limitent à quelques détails, comme un bref aperçu d'un mouchoir ensanglanté après une quinte de toux), celle d'un drame émotionnelle intime et bouleversant qui s'attarde à la fois sur la quête urgente de sens d'un homme en fin de vie dans la Grande-Bretagne de l'après-guerre, que la manière dont sa disparition pourra impacter plus de monde qu'il en a réellement conscience.
D'une universalité vive et percutante dans sa manière de vouloir percer le mystère et le sens de la vie, tout autant qu'il est d'une méticulosité folle dans sa manière de croquer une représentation de l'identité britannique expurgé de tout sentiment nationaliste et/où royaliste; Vivre est une oeuvre infiniment positive et émouvant sur l'humanité, sur la manière dont nous nous traitons les uns les autres mais aussi et surtout nous-mêmes.
Une somptueuse élégie poétique qui nous révèle avec douceur et délicatesse non seulement le but son personnage principal, magistralement incarné par Bill Nighy (dans ce qui est, indiscutablement sa plus belle performance à ce jour), mais également le nôtre.
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : Vivre