[CRITIQUE] : Stella est amoureuse

Par Fuckcinephiles
Réalisatrice : Sylvie Verheyde
Acteurs : Flavie Delangle, Marina Foïs, Benjamin Biolay,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h50min
Synopsis :
1985, premier été sans les parents. Le soleil, les copines, les Italiens, le rêve. Retour à la réalité, pour Stella, c’est l’année du bac. Et même si elle dit qu’elle s’en fout, elle sait bien que ça peut décider de sa vie entière… Plutôt mourir que de reprendre le bar de ses parents. Surtout que, chez elle, son père s’est cassé avec une autre, en laissant les dettes et sa mère en déprime. Heureusement il y a les sorties, la nuit, les rencontres, et puis l’amour pour rêver d’un autre monde.


Critique :

Mélancolique jusque dans sa bande originale aux petits oignons, #StellEstAmoureuse est un coming-of-age movie énergique et emballant, une exploration personnelle de l'adolescence où la narration a moins d'importance que la volonté de capturer l'authenticité de toute une époque. pic.twitter.com/OjuCg7ohAs

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 13, 2022

Au sein d'un mercredi des sorties où une autre suite polarise toute l'attention, Stella est amoureuse de Sylvie Verheyde est à la fois la plus improbable des deux (qui n'attendait pas depuis plus de treize ans maintenant, un second Avatar ?) mais aussi et surtout la plus rafraîchissante, tant elle n'est pas motivée par le joug d'une franchisation à outrance made in Hollywood (mais pas que, le cinéma français n'y est évidemment pas exempt), mais bien par une envie de faire suite à une sympathique comédie autant qu'à la cinéaste de se replonger, une seconde fois au coeur d'une oeuvre qui est partiellement autobiographique, dans les méandres de sa jeunesse.
Résolument moins sensible mais bien tout aussi tendre et bienveillant dans son regard que le premier film, on retrouve cette fois une héroïne adolescente à l'heure d'un bac dont elle ne semble pas plus préoccupé que de profiter de sa jeunesse et de ne pas trop se laisser submerger par les remous qui habitent les liens distants entre sa mère et son père...

Copyright Atelier de Production


Quatorze ans après Stella, avec en bandoulière ses souvenirs des années 80 au sein d'une capitale de tous les possibles, où l'ivresse nocturne des Bains Douches côtoie les bancs frustrants de l'école, Stella est amoureuse se fait comme son aîné, aussi bien une exploration personnelle de l'adolescence où la narration a moins d'importance que la volonté de capturer l'essence et l'authenticité de toute une époque.
À l'instar du Lycéen de Christophe Honoré, résolument plus sensoriel et onirique, Verheyde évite soigneusement quelques poncifs - quitte à, il est vrai, mieux se perdre dans d'autres -, pour mieux cartographier avec délicatesse et subtilité les passages obligées du dur - et parfois expéditif - passage à la vie d'adulte, vissé sur l'énergie folle d'une héroïne fabuleusement ordinaire et bien décidée à profiter de la vie malgré ses nombreuses remises en questions.
On roule sur du velours donc, et rien n'est fait pour que cela pète dans la soie de l'originalité mais qu'importe, la séduction est totale et le charme de ses interprètes (Flavie Delangle en impose tandis que Marina Foïs et Benjamin Biolay cabotinent joyeusement en prolos divorcés) fait admirablement bien son office, couplé à la vision humble et sincère de la réalisatrice.
Mélancolique jusque dans sa bande originale aux petits oignons (qui sert les images et non l'inverse), Stella est amoureuse est un coming-of-age movie emballé et emballant qui vaut joliment le déplacement.
Jonathan Chevrier