Maestro(s) (2022) de Bruno Chiche

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Réalisateur de "Barnie et ses Petites Contrariétés" (2001), "Hell" (2006), "Je n'ai Rien Oublié" (2011) et "L'Un dans l'Autre" (2016), Bruno Chiche se voit proposer une nouvelle collaboration par et avec Philippe Rousselet, producteur de son dernier film mais aussi entre autre de "On est fait pour s'Entendre" (2021) de Pascal Elbé  ou "Adieu Monsieur Haffmann" (2022) de Fred Cavayé. Le cinéaste désirant raconter une histoire père-fils à l'âge adulte le producteur lui annonce que justement, il a acquis les droits de remake du film "Footnote" (2011) du réalisateur-scénariste israélien Joseph Cedar. Néanmoins, Bruno Chiche a voulu des modifications comme il l'explique : "Je ne me voyais pas me lancer dans un remake, d'autant que dans le film de Cedar, les deux personnages sont des chercheurs universitaires qui travaillent sur la Torah. Puis, comme je suis passionné d'histoire, je bifurque sur un père et un fils historiens dont l'un des deux recevrait le prix Beaumarchais. Je pitche le projet à une amie chanteuse lyrique qui me dit que c'est l'histoire de son beau-père et de son mari... Tous deux chefs d'orchestres qui rêvaient de jouer à Bayreuth. J'ai immédiatement appelé Philippe Rousselet pour lui dire que je tenais le sujet." Bruno Chiche co-signe son scénario avec Yaël Langmann  auquel on doit "Mon Chien Stupide" (2018) et "Les Choses Humaines" (2021) tous deux de Yvan Attal, ou "Rose" (2021) de Aurélie Saada, puis avec Clément Peny qui a travaillé sur les séries TV "Les Bracelets Rouges" (2020) et "Fin Ar Bed" (2021)... Chez les Dumar, le père François est un chef d'orchestre renommé et reconnu mais c'est son fils Denis qui connaît une reconnaissance prestigieuse en remportant une Victoire de la Musique qui attise la jalousie du père ce qui n'arrange pas une relation déjà compliquée. Mais juste après, le jour de son anniversaire, François reçoit un appel qui lui promet le poste à la prestigieuse Scala à Milan. François l'annonce alors à son dîner d'anniversaire, fier d'avoir atteint son rêve ultime. Malheureusement, Denis apprend qu'il s'agit d'une erreur et que le poste lui est en fait destiné. Comment l'assumer et comment faire pour l'annoncer à son père... 

Dumar fils est incarné par Yvan Attal, qui retrouve sa co-scénariste de "Mon Chien est Stupide" (2019), et vu récemment dans "Seberg" (2019) de Benedict Andrews et "8 Rue de l'Humanité" (2021) de Dany Boon, puis retrouve après son film "Les Choses Humaines" (2021) son partenaire Dumar père interprété par Pierre Arditi vu dans "Le Trésor du Petit Nicolas" (2021) de Julien Rappeneau et "Adieu Paris" (2022) de et avec Edouard Baer, puis retrouve aussi après le téléfilm "Une Vie comme je Veux" (1985) de Jean-Jacques Goron et "Le Grand Alibi" (2008) de Pascal Bonitzer sa partenaire et donc épouse pour la 3ème fois à l'écran Miou-Miou vue dans "Belle Fille" (2020) de Méliane Marcaggi, "Le Dernier Mercenaire" (2021) de David Charhon et "Murder Party" (2022)  de Nicolas Pleskof après lequel elle retrouve Pascale Arbillot qui apparaît dans son 7ème long métrage de l'année (!) et notamment encore en salles dans les films "Balle Perdue 2" (2022) de Guillaume Perret et "Annie Colère" (2022) de Blandine Lenoir. Citons encore Caroline Anglade vue dans "Belle et Sébastien : Nouvelle Génération" (2022) de Pierre Coré et "Plancha" (2022) de Eric Lavaine, Nils Othenin-Girard vu dans "L'Aventure des Marguerite" (2018) de Pierre Coré, "Attention au Départ" (2019) de Benjamin Euvrard et dernièrement dans "Couleurs de l'Incendie" (2022) de et avec Clovis Cornillac, André Marcon qui retrouve Yvan Attal après "Rapt" (2009) de Lucas Belvaux, vu récemment entre autre dans "Illusions Perdues" (2021) de Xavier Giannoli et "Une Jeune Fille qui va Bien" (2022) de Sandrine Kiberlain, puis enfin Caterina Murino qui retrouve le couple Miou-Miou-Arditi après "Le Grand Alibi" (2008), vue depuis par exemple dans "Antigang" (2015) de Benjamin Rocher et "Toute Ressemblance..." (2019) de Michel Denisot... Vu le sujet, la production a fait appel à des réels chefs d'orchestre, Nicolas Guiraud et Frédéric Chaslin pour coacher les acteurs, et également la violoniste Anne Gravoin pour coacher les actrices. Précisons que Nicolas Guiraud a également assurer les arrangements musicaux et composé les orchestres présents dans le film. Le cinéaste a quant à lui lu et s'est inspiré de "De la Musique, Conversations" livre d'entretiens entre Haruki Murakami et Seiji Ozawa. 

Malgré un sujet intéressant, un fil conducteur au potentiel certain rien ne va dans ce film et d'abord avec ce qu'aurait voulu Bruno Chiche qui a déclaré : "Je suis heureux de ce côté "reportage" qui casse l'image un peu classique qu'aurait pu avoir le film. Le musique classique est  généralement affiliée à un art bourgeois et je ne voulais surtout pas faire un film bourgeois." C'est râté ! Où voit-il le côté "reportage" ?! Où voit-il autre chose que la bourgeoisie classique dans son film ?! Au contraire dès les premières minutes on est dans un univers élitiste et bourgeois voir même d'une certaine aristocratie élitiste où on a droit aux dorures à tout va, des décors luxueux que ce soit dans un restaurant ou leur logement. Outre ces décors on s'aperçoit que les personnages sont tout à fait raccord, leur antipathie, leur narcissisme étant complètement à l'image de leur environnement, et même de leurs interprètes Arditi surtout toujours aussi imbu de sa personne ce qui parasite toujours ses performances. Clichés et poncifs autour de la Musique classique sont alors omniprésents, le réalisateur-scénariste est loin de ses objectifs. Il aurait été sans doute plus judicieux d'imaginer un père plus modeste socialement et/ou artistiquement, tandis que les nuances autour de leurs caractères auraient pu être plus subtils plutôt que ces égos surdimensionnés. Sans compter la relation père-fils, qui semble avoir un passif lourd sur lequel pourtant on n'apprendra jamais rien de probant ou de compréhensif. Le récit est ainsi engoncé dans un style guindé et pompeux qui n'arrive jamais à transcender l'art pourtant essentiel, pour une émotion malheureusement superficielle. Dommage.

Note :      

09/20