Mort de Mylène Demongeot !

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après une petite accalmie automnale, voici que le carnet de deuil s'ouvre à nouveau avec la disparition de l'actrice Mylène Demongeot morte hier 1er décembre 2022 à l'âge de 87 ans.

Née en 1935 à Nice, la jeune Marie-Hélène Demongeot est la fille d'un père du cru et d'une maman émigrée russe née en Ukraine, au sein de cette famille aisée avec un papa haut fonctionnaire au Ministère de l'Economie nationale lui-même fils d'un militaire chevalier de la Légion d'Honneur. Elle a un demi-frère issu du premier mariage de sa mère, né russe en 1923 et qui sera rajeuni de deux ans en modifiant ses papiers afin que le jeune garçon puisse rattraper son retard scolaire. 

Marie-Hélène passe ses quatre premières années à Nice chez sa grand-mère paternelle tandis que ses parents vivent à Paris. Ils reviennent à Nice après la déclaration de guerre en 1939. La famille part ensuite s'installer à Paris en 1948. La jeune adolescente apprend le piano, puis s'inscrit plus tard au Cours Simon qu'elle quitte lui préférant les cours de Marie Ventura. Elle commence à poser pour des photos publicitaires et obtient un premier tout petit rôle dans le film "Les Enfants de l'Amour" (1953) de Léonide Moguy.

Elle vivote, trouve encore quelques petits rôles comme une jeune fille qui fait des vocalises dans "Futures Vedettes" (1955 - ci-dessous à gauche) de Marc Allégret ou une jeune femme qui ouvre une porte dans "Papa, Maman, ma Femme et Moi" (1956) de Jean-Paul Le Chanois. Continuant à poser pour des photos elle rencontre le photographe Henry Coste dont elle tombe amoureuse mais étant marié ils doivent attendre son divorce pour pouvoir se marier, ce sera chose faîte en 1958. 

La photographie lui porte encore chance, puisqu'elle est remarquée par la réalisateur Raymond Bouleau grâce à un cliché et lui offre le rôle de l'accusatrice principale dans "Les Sorcières de Salem" (1957 - ci-dessous) auprès du couple star Simone Signoret et Yves Montand. Le film est un succès et la jeune actrice devient une actrice reconnue. 

Elle enchaîne alors les rôles dont "Bonjour Tristesse" (1958) de Otto Preminger où elle côtoie les stars hollywoodiennes Deborah Kerr, David Niven et Jean Seberg, puis surtout "Sois Belle et Tais-Toi" (1958 - ci-dessous) de Marc Allégret qui asseoit sa popularité naissante aux côtés de la fine fleur de la nouvelle génération qui explose dont Jean-Paul Belmondo et Alain Delon.

Elle commence à être mis en rivalité par les médias avec la star Brigitte Bardot dont elle a la blondeur mais qui se distingue par sa bouille mutine. Si elle tourne beaucoup en France elle va devenir une star dans des productions italiennes avec surtout le peplum "La Bataille de Marathon" (1959 - ci-dessous) de Jacques Tourneur avec la star du genre Steve Reeves, qui sera suivi de "Les Garçons" (1959) de Mauro Bolognini, "Sous Dix Drapeaux" (1960) de Duilio Coletti et "L'Inassouvie" (1960) de Dino Risi.

Elle tente de changer de registre régulièrement, passant du drame "Le Cavalier Noir" (1961) de Roy Ward Baker avec Dirk Bogarde, au peplum "L'Enlèvement des Sabines" (1961) de Richard Pottier avec Roger Moore, où le Cape et d'Epée avec le classique "Les Trois Mousquetaires" (1961 - ci-dessous) de Bernard Borderie

Elle persévère dans des projets moins commerciaux avec entre autre "A Cause, A Cause d'une Femme" (1963) et "L'Appartement des Filles" (1963) tous deux de Michel Deville, mais souvent le public ne suit pas la préférant dans les films d'aventures et populaires comme "L'Or des Césars" (1963) de André de Toth, "Cherchez l'Idole" (1964) de Michel Boisrond où elle joue son propre rôle aux côtés d'autres stars comme Johnny Hallyday, Eddy Mitchell ou Sylvie Vartan, puis surtout aux côtés de Jean Marais et Louis de Funès dans "Fantômas" (1964 - ci-dessous) de André Hunebelle qui est un énorme succès public.

L'actrice poursuit avec cette saga à la française qui cartonne auprès du public avec "Fantômas se déchaîne" (1965) et "Fantômas contre Scotland Yard" (1967) toujours de André Hunebelle, réalisateur qu'elle retrouve entre temps pour "Furia à Bahia pour OSS117" (1965 - ci-dessous), puis elle tourne auprès de Belmondo, Jean-Pierre Marielle et Philippe Noiret dans "Tendre Voyou" (1966) de Jean Becker.

Elle rencontre en 1966 Marc Simenon, fils du romancier Georges Simenon, dont elle tombe amoureuse et qu'elle épouse en 1968. Elle tourne pour la première fois pour la télévision pour son époux dans un épisode de "Dossiers de l'Agence O" (1968). Pour lui elle ralenti la cadence et tourne moins, se faisant plus rare les réalisateurs pensent de moins en moins à elle et les projets se font moins prestigieux ou moins populaires.

Citons les films "Le Champignon" (1970), "L'Explosion" (1971), "Par le Sang des Autres" (1974 - ci-dessous) et "Signé Furax" (1981) de son époux Marc Simenon, entre temps il y a aussi "Quelques Arpents de Neige" (1972) et "Quand c'est Parti, c'est Parti" (1973) tous deux de Denis Hétoux, puis notamment "Surprise Party" (1983) de Roger Vadim, "Flics de Choc" (1983) de Jean-Pierre Desagnat, surtout le fameux "Tenue de Soirée" (1986) de Bertrand Blier avec Michel Blanc, Gérard Depardieu et Miou-Miou, et enfin citons "L'Homme Idéal" (1997) de Xavier Gélin

A la mort de son mari, Marc Simenon dans un accident en 1999, Mylène Demongeot se retire quelques années des écrans, s'octroie néanmoins un passage sur les planches en 2000, mais surtout elle accentue son travail d'écriture dont le premier tome de ses mémoires "Tiroirs Secrets" (2001), et se lance dans des combats qui lui tiennent à coeur comme la lutte en faveur des animaux (autre point commun avec Brigitte Bardot !), la lutte conte la pollution ou les mines anti-personnels étant Marraine Fondatrice de l'ONG HAMAP, puis elle est membre du Comité d'Honneur de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD).

Après quelques années l'actrice revient au cinéma avec "Victoire" (2004) de Stéphanie Murat et "36 Quai des Orfèvres" (2004) de Olivier Marchal qui est un succès en salles, puis enchaîne avec "Tokyo Tower" (2005) de Takashi Minamoto et surtout elle participe avec les vacanciers Claude Brasseur, Franck Dubosc, Mathilde Seigner ou Antoine Duléry à la comédie "Camping" (2006 - ci-dessous avec son "époux" Claude Brasseur) de Fabien Onteniente qui est un énorme succès auprès du public et renoue ainsi avec le film populaire et divertissant.

Elle joue ensuite dans "La Californie" (2006) de Jacques Fieschi avec Nathalie Baye, Roschdy Zem et Ludivine Sagnier, elle tourne dans "Les Toits de Paris" (2007) et "Si tu Meurs, je te Tue" (2011 - ci-dessous avec Golshifteh Farahani) tous deux de Hiner Saleem, joue dans "Elle s'en Va" (2013) de Emmanuelle Bercot aux côtés de Catherine Deneuve qu'elle retrouve dans "Sage Femme" (2017) de Martin Provost, et entre temps elle retrouve ses camarades estivaux pour les suites "Camping 2" (2010) et "Camping 3" (2016) toujours sous la direction de Fabien Onteniente.

L'actrice a régulièrement joué au théâtre aussi mais plus rarement, une première fois en 1958, la dernière en 2017, pour la télévision sa dernière apparition sera pour un documentaire "Fantômas démasqué" (2021) de Dimitri Kourtchine, mais son dernier rôle sera bel et bien pour le grand écran entouré de Gérard Depardieu, Daniel Prévost, Marthe Villalonga ou le jeune Kev Adams dans la comédie évocatrice "Maison de Retraite" (2022 - durant la promo ci-dessous) de Thomas Gilou.

Actrice, elle a aussi écrit très tôt et assez souvent, de tous les genres avec par exemple "Les Lilas de Kharkov" (1990), "Mes Monstres Sacrés" (2015) ou "Très Chers Escrocs" (2019) ce dernier revenant sur l'escroquerie dont elle a été victime pour deux millions d'euros comme bon nombre d'autres stars (Isabelle Adjani, Alexandre Arcady, Olivier Martinez... etc...) pour une affaire dont la Justice s'est saisie en 2012. Outre les récits et essais elle a aussi rédigé ses mémoires, après "Tiroirs Secrets" (2001) elle a signé deux autres tomes avec "Mylène Demongeot : Mémoires de Cinéma _ une Vie et des Films" (2011) et "L'Amour Fou" (2019).

Plus surprenant, l'actrice s'est aussi vue en femme politique en se présentant aux élections régionales 1992 en Provence-Alpes-Côte d'Azur sur la liste d'un certain Bernard Tapie.

Mylène Demongeot aura traversé près de 70 ans de cinéma pour une centaine de rôles. Son joli minois a sans doute limité l'éventail des rôles qu'elle aurait pu assumer mais elle a été une des stars majeures du cinéma européen surtout entre 1957 et 1967.

Mylène Demongeot est morte ce jeudi 1er décembre 2022 à l'âge de 87 ans des suites d'un cancer du péritoine.