Armageddon time

Par Dukefleed
Le "vivre ensemble" prend du plomb dans l'aile

« Armageddon time » me fait plus penser à la fameuse chanson de « The clash » qu’à la phrase prononcée par Ronald Reagan président qui a inspiré son auteur. Mais punk, le dernier film de James Gray ne l’est pas, il est très classique, soigné et même appliqué ; propre et sans bavure. A l’instar de Paul Thomas Anderson dernièrement avec « Licorice Pizza », Gray avait en tête depuis longtemps un film auto biographique sur son adolescence dans le Queens. Il voulait montrer, au travers de son histoire dans une famille juive, le point de bascule de l’Amérique. Un acteur, très à droite, devenait Président des E.U. et allait ouvrir la voie à certains de ceux qui suivront dont l’avant dernier, Donald Trump. Et le jeune James Gray est bien placé, car dans le Queens, il vivra l’ascension des Trump de près puisqu’il intégrera l’école privée qu’ils fondèrent dans le quartier. L’illusion du rêve américain et le racisme systématique de son pays est bien retranscrit au travers de cette histoire familiale et des choix effectués cette dernière pour assurer le meilleur avenir aux enfants dont James. Et cette thématique fait écho à ce que l’on vit chez actuellement en France avec une éducation à deux niveaux et des populations se côtoyant de moins en moins à l’école. Macron disant « Je n’oublie pas d’où je viens », alors qu’il a fait toute sa scolarité dans des établissements privés sélects ; on est proche des thématiques abordées par le film. Tout ce message sur la tolérance et le progrès social infuse tout au long du film et se termine par un moment émouvant ; le moment où le jeune James Gray perd définitivement tout innocence. Entre le constat amère d’une société hypocrite et la perte de son grand père, être cher à son cœur, cette fin est pleine de sens et touchante.

Cependant dans sa première partie, on se concentre beaucoup sur les histoires de famille. On est en territoire connu, balisé ; le propos est lisse et n’offre guère d’intérêt. On aurait aimé alors comprendre la vocation pour le domaine artistique de James Gray, mais ce thème ne reste que très superficiel et un prétexte à dépeindre le cadre familial du jeune James.

C’est vraiment lorsque les thématiques deviennent plus universelles que le film prend son envol et prend tout son poids. Très personnel, mais bien loin d’être le James Gray le plus accompli.

Sorti en 2022

Ma note: 13/20