[CRITIQUE] : Annie Colère

[CRITIQUE] : Annie ColèreRéalisatrice : Blandine Lenoir
Acteurs : Laure Calamy, Rosemary Standley, Zita Hanrot, Indiana Hair, Yannick Choirat,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Février 1974. Parce qu’elle se retrouve enceinte accidentellement, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, rencontre le MLAC – Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception qui pratique les avortements illégaux aux yeux de tous. Accueillie par ce mouvement unique, fondé sur l’aide concrète aux femmes et le partage des savoirs, elle va trouver dans la bataille pour l’adoption de la loi sur l'avortement un nouveau sens à sa vie.

Critique :

Aussi tendre qu'il est subtilement percutant dans sa manière de scruter l'évolution - difficile - des moeurs et les mouvements pachydermiques d'un gouvernement totalement déconnecté de la réalité, #AnnieColère se fait un constat humble et lucide sur un combat toujours actuel. pic.twitter.com/wjO4arxyUm

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 29, 2022

À une heure où le droit à l'avortement semble discuté - pour être poli - au sein même de ce qu'il est pourtant commun d'appeler des " démocraties " (il est toujours question d'inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution française), des oeuvres telles que Call Jane de Phyllis Nagy (injustement cantonné à une distribution sur Canal +), L'Évènement d'Audrey Diwan et Annie Colère de Blandine Lenoir sont autant de piqûres de rappels nécessaires qu'un hommage vibrant à celles qui se sont battus pour que ce droit humain ne soit plus refusé.
Privilégiant la compassion et la bravoure à la colère et à tout versant politique putassier, le film de Lenoir ouvre avec puissance une page fascinante de l'histoire - récente - de France et du droit des femmes à disposer de leur corps, en collant au plus près des mobilisations citoyennes et autres mouvements/actions collectives et solidaires des années 70, qui mèneront à la validation légale tardive - comme toujours - d'une partie de leurs revendications avec la loi Veil de 1975.
Catapulté en 1974, année où l'avortement était encore illégale, la narration s'attache aux atermoiements d'Annie, une mère ouvrière courageuse dont l'annonce d'une troisième grossesse est plus un fardeau qu'un cadeau offert par la vie.

[CRITIQUE] : Annie Colère

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Parce qu'elle ne se sent pas le courage de garder ce nouvel enfant, elle décide de recourir à un avortement (un choix douloureux, dans tous les sens du terme) et à la chance d'être prise en charge avec calme et sans jugement par le MLAC - Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception.
Gargarisée par ce groupe féministes et solidaires, elle prend pleinement le contrôle de son corps et de ses désirs et décide à son tour, de symboliquement s'engager dans la lutte collective pour changer les choses...
Aussi émouvant et pétri de pudeur qu'il est subtilement percutant dans sa manière de scruter l'évolution - difficile - des moeurs et les mouvements pachydermiques d'un gouvernement totalement déconnecté de la réalité, en contraste avec les actions positives et importantes du MLAC, le film, in fine bien plus une captivante étude de personnage capturant l'enthousiasmante émancipation d'une femme au coeur d'une puissance collective, qu'un pamphlet politique, se fait une mise en images sororale de la lutte contre la fatalité où chaque femme est actrice et maitresse de son existence.
Aussi humble et bienveillant que furieusement lucide et solaire, Annie Colère et sa formidable galerie de comédiennes, prend du recul et fait le point sur le chemin parcourut par un combat toujours d'actualité, et qui se doit d'être rappelé au quotidien.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Annie Colère