[CRITIQUE] : Rimini

Par Fuckcinephiles
Réalisateur : Ulrich Seidl
Acteurs : Michael Thomas, Tessa Göttlicher,Hans-Michael Rehberg,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Autrichien, Allemand, Français.
Durée : 1h54min
Synopsis :
Vieux crooner autrichien et gigolo occasionnel, Richie Bravo survit en poussant la chansonnette pour des retraités dans des hôtels miteux de Rimini, sur la côte Adriatique. Son monde commence à vaciller quand Tessa, sa fille désormais adulte, fait irruption dans sa vie et lui demande l’argent qu’il ne lui a jamais donné.


Critique :

Avec #Rimini, Ulrich Seidl ne révolutionne en rien sa formule gagnante même à la sauce Dolce Vita, et croque une sorte d'étude d'une masculinité en pleine déliquescence au coeur de la cinquantaine, couplée à un portrait de famille féroce embaumé de négligence, d'abandon et d'abus pic.twitter.com/ohQdyQlanO

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 26, 2022

La particularité du regard acéré et cynique du cinéaste autrichien Ulrich Seidl sur l'humanité occidentale s'est toujours exprimé au coeur de cadres extrêmes et anachroniques, lieux propices à pointer nos travers autant que nos vices jamais réellement cachés.
Si son dernier effort en date, Rimini, ne révolutionne en rien la recette un brin insolente qui l'a fait connaitre avec Canicola, ni n'y apporte quoique ce soit de nouveau (on pourrait même dire qu'une certaine redondance pointe le bout de son nez), il n'en reste pas moins une agréable séance vissée aux basques de la kitchissime et ringarde pop star à forte tendance gigolo Richie Bravo, qui use jusqu'à la moelle sa renommée fanée dans l'hiver brumeux de Rimini, finançant son style de vie débauché et ses dépendances à l'alcool et au jeu avec des concerts pour des bus remplis de touristes allemands et autrichiens
Son monde commence cependant à lentement s'effondrer lorsque sa fille, désormais adulte, fait soudain irruption dans sa vie et lui demande l'argent qu'il ne lui a jamais donné...

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Flanqué dans une cité du divertissement italien dont la vulgarité luxuriante et estivale ne perd strictement rien de sa superbe dans la noirceur glaciale et pluvieuse de l'hiver, Seidl sonde la Dolce Vita dans une sorte d'étude d'une masculinité en pleine déliquescence au coeur de la cinquantaine couplée à un portrait de famille embaumé de négligence, d'abandon et d'abus, scrutant une humanité aussi pathétique que laide et amoral, dont les mauvais choix et goûts ne sont que les façades de maux plus profonds.
Ce qui trouble son protagoniste principal, connu sans jamais vraiment avoir été célèbre, c'est la peur de l'oubli, plus imposante encore que la mort, qui l'oblige a constamment renouer avec une nostalgie du passé et a désespérément tenter de revivre une époque révolue - l'illusion vaut mieux que la dépression.
Cependant, derrière son désespoir palpable et son désir constant de combler un vide, le bonhomme n'est jamais empathique, loin de la même (vulgaire, raciste, égoïste, égocentrique, père raté,...) et c'est paradoxalement ce qui fait tout le charme du long-métrage, satire austère jamais ouvertement politique et à la lisière du documentaire où l'immoralité triomphe toujours de tout (surtout dans le final), même si elle se laisse aller à quelques stéréotypes irritants.
Jonathan Chevrier