Séries | THE CROWN S05 – 15/20 | THE MIDNIGHT CLUB S01 – 13/20 | AMERICAN HOROR STORY S11 – 11/20

Séries | THE CROWN S05 – 15/20 | THE MIDNIGHT CLUB S01 – 13/20 | AMERICAN HOROR STORY S11 – 11/20

Chroniques :

THE CROWN S05 (Netflix) – 15/20

La série royale de Netflix évolue chaque saison en même temps qu’elle saute des décennies. La dimension historique cède forcément un peu de terrain au sensationnel, d’autant que son public est de plus en plus nombreux à avoir vécu ce qui est raconté à l’écran et s’est forcément forgé sa propre opinion. The Crown s’identifie de plus en plus clairement comme un soap, et assume enfin la fictionnalisation de la vie de la famille royale.
Cette décennie, les années 90, est évidement principalement marquée par la séparation et les frasques de Charles et Diana, matériel éminemment croustillant et romanesque. Mais la série s’en écarte fréquemment pour revenir aux marqueurs politiques de l’époque et offrir quelques digressions toujours fascinantes, comme l’épisode consacré au valet de Mohamed Al-Fayed.
En outre sa production value reste inégalable, on s’émerveille de ses décors et de ses costumes somptueux, la reconstitution est toujours aussi rigoureuse et la mise en scène d’une grande élégance. Bref, The Crown brille toujours autant, portée par une interprétation stellaire. Sur ce dernier point, Dominic West fait sans doute un Charles un peu trop charismatique, mais Imelda Staunton incarne parfaitement l’autorité pincée d’une reine un peu dépassée par l’évolution de la société et les désordres au sein de sa propre famille. Mais c’est surtout Elizabeth Debicki qui impressionne en Lady Di. Le mimétisme vocal et corporel est fascinant, perturbant même parfois. Elle rend la Princesse de Galles terriblement humaine, fragile et déterminée. Une masterclass es-biopic.
A une saison de la fin de la série, The Crown reste l’un des plus beaux joyaux dans la vitrine Netflix.
THE MIDNIGHT CLUB (Netflix) – 13/20

Mike Flanagan a toujours abordé les relations interpersonnelles dans ses séries via le prisme de l’horreur, que ce soit au sein d’une famille ou d’un village isolé. Ou plutôt l’inverse, le genre horrifique lui sert de média métaphorique pour étudier les dynamiques de groupe. Pour Midnight Club, il s’intéresse à des ados atteints de maladies incurables qui viennent passer leurs derniers mois dans un centre de soins palliatifs, un lieu renfermant ses propres secrets. Ils se retrouvent tous les soirs dans la bibliothèque et raconte à tour de rôle une histoire effrayante pour conjurer le sort. Comme pour Hill House, Bly Manor ou Sermons de minuit, l’esthétique horrifique est très sûre, la réalisation léchée et propice à susciter la peur. La série est cependant moins forte que ses prédécesseurs, émotionnellement et narrativement, va moins loin dans les traumas de chacun. Les histoires inventées par les adolescents, inégales, nous détournent de l’intrigue principale même si elles aident à mieux les connaitre, chacun mettant un peu de lui dans son récit. Elle reste néanmoins une belle ode à l’amitié et une réflexion sur le temps compté. Mais contrairement aux autres séries de Flanagan, Midnight Club ne ferme pas la boucle à la fin de la série, ce qui est frustrant et explique aussi pourquoi on s’attarde tant sur les fables des ados.
Si elle reste une belle ode à l’amitié et une réflexion sur le temps compté, Midnight Club est une série mineure pour Flanagan.


AMERICAN HOROR STORY S11 (Canal) – 11/20

La série d’horreur anthologique revient pour une onzième (!) saison. Sulfureuse, ultra-violente et queer as hell, elle fait graviter ses personnages dans le milieu gay underground des années 80 à New York. Bars clandestins, saunas, Fire Island, la série embrasse tous les codes d’une communauté encore largement ostracisée et y introduit deux tueurs en séries qui vont la décimer. Une parabole, évidemment, pour raconter l’arrivée du sida.
La métaphore est intéressante et fonctionne bien par elle-même, on se demande donc pourquoi Ryan Murphy a voulu la doubler avec un arc narratif sur un virus bien réel, comme s’il pensait son spectateur incapable de la comprendre. En tentant maladroitement de faire se croiser les deux récits (le serial killer et le virus) pour qu’ils finissent par se recouper, il nous perd plus qu’autre chose et peine à faire passer son message, comme s’il était lui-même embarrassé par ce qu’il a construit.
L’esthétique est comme d’habitude irréprochable (dans la violence comme dans l’onirisme de ses derniers épisodes qui tendent vers Angels in America sans s’en approcher ne serait-ce qu’un peu), la bande-son est parfaite, mais on ne peut pas en dire autant de l’interprétation, au mieux inégal, au pire plombé par des erreurs de casting (le surjeu du journaliste Gino est franchement malaisant)
Au final une saison ambitieuse (peut-être trop) mais trop bordélique pour figurer parmi les plus réussies de AHS.