[CRITIQUE] : The Wonder

[CRITIQUE] : The WonderRéalisateur : Sebastián Lelio
Acteurs : Florence Pugh, Kila Lord Cassidy, Niamh Algar,David Wilmot,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Historique.
Nationalité : Britannique, Irlandais, Américain, Chilien.
Durée : 1h48min.
Synopsis :
En 1862, 13 ans après la Grande Famine. Lib Wright, infirmière anglaise, est appelée dans les Midlands irlandais par une communauté dévote pour passer 15 jours au chevet de l'une des leurs. Anna O'Donnell est une jeune fille de 11 ans qui prétend ne rien avoir mangé pendant quatre mois et avoir survécu par miracle. Alors que la santé d'Anna se détériore rapidement, Lib est déterminée à découvrir la vérité, bousculant la foi d'une communauté qui préférerait s'en tenir à ses croyances.

Critique :

Même s'il perd sans doute un brin de sa force motrice une fois que son "saint secret" se dévoile,#TheWonder n'en reste pas moins un cauchemar palpitant et captivant autant dans son opposition entre science et croyance que dans les nombreux parallèles qu'il fait avec notre présent pic.twitter.com/VBiDYVNjo8

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 17, 2022

Dès les premiers mots assénés par une voix-off brisant sans complexe le quatrième mur, The Wonder distille une tension bouillonnante entre la foi et la réalité autour de l'acte même de raconter une histoire, disparate - où non - de la vérité. 
Adapté du roman éponyme d'Emma Donoghue (inspiré du phénomène des " Fasting Girls " du XIXe siècle, qui a vu des jeunes filles et femmes passer des mois sans se nourrir, prétendant survivre uniquement grâce au pouvoir de la foi), le nouveau drame psychologique du cinéaste chilien Sebastián Lelio joue avec le pouvoir de la suspension d'incrédulité de son auditoire pour le titiller sur des questions éthiques et spirituelles, autant qu'il ouvre la voie à Florence Pugh pour qu'elle compose l'une des plus belles prestations de sa carrière à ce jour.
Elle y incarne l'infirmière anglaise Lib Wright, formée par Florence Nightingale pendant la guerre de Crimée, qui est appelée en 1862 dans une petite communauté dévote des Midlands irlandais vivant dans un village reculé, 13 ans après la Grande Famine.
Sa mission est de rendre visite aux O'Donnell et de procéder à un examen de deux semaines sur leur fille de 11 ans, Anna, qui prétend ne pas avoir mangé depuis quatre mois, une gamine considérée comme ayant " vécu miraculeusement " par les membres du village - tandis que d'autres ne sont pas convaincus par cette idée -, obligeant Lib à déterminer la vérité avant qu'il ne soit trop tard...

[CRITIQUE] : The Wonder

Copyright Christopher Barr/Netflix


Embaumé dans une photographie atmosphérique mettant en lumière le charme rustique et inquiétant à la fois de la campagne irlandaise, tout en articulant à nouveau toute sa psychologie autour du choc et de l'opposition entre science et croyance, Lelio dégaine un cauchemar palpitant et savoureusement réflexif dans sa manière d'égrainer une pléthore de thèmes féministes et actuelles (le martyre catholique, le développement des soins infirmiers modernes, l'idée de la foi patriarcale comme assujettissement misogyne, un parallèle édifiant entre un refus d'écouter une expertise médicale féminine et celui, contemporain, de voir les politiciens rejeter rejetant les connaissances et les droits des femmes sur leur propre corps) autour de la notion du pouvoir des histoires, de celles que l'on choisit de se raconter autant que celles que l'on choisit de croire - quoiqu'il en coûte.
Même s'il perd sans doute un brin de sa force motrice une fois que son " saint secret " se dévoile (une famine auto-induite, fruit d'une Grande Famine qui projette toujours son ombre sombre et malsaine sur une Irlande qui tient pour responsable l'Angleterre de cette dévastation, dont l'oppression aura continué de perdurer au fil des décennies) et qu'il use un peu trop de sa voix-off (dont les fréquents épisodes de rupture du quatrième mur surexpliquent plus que de raison l'histoire), The Wonder n'en reste pas moins une étonnante et captivante expérience, porté par les prestations sensationnelles de Florence Pugh (parfaite en jeune femme abîmée par la vie, qui se heurt contre le mur de briques de la foi aveugle) et de la jeune Kila Lord Cassidy.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : The Wonder