[CRITIQUE] : Juste une nuit

[CRITIQUE] : Juste une nuitRéalisateur : Ali Asgari
Avec : Sadaf AsgariGhazal Shojaei, Babak Karimi,
Distributeur : Bodega Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Iranien, Français, Qatari.
Durée : 1h26min
Synopsis :
Fereshteh doit cacher son bébé illégitime pendant une nuit à ses parents qui lui rendent une visite surprise. Son amie Atefeh l'aide. Elles se lancent dans une odyssée au cours de laquelle elles doivent soigneusement choisir qui sont leurs alliés.

Critique :

Jusque dans son final redempteur et fier, conclusion vibrante d'une odyssée sisyphéenne dans Téhéran, #JusteUneNuit incarne un beau et édifiant portrait de femme determinée et indépendante qui embrasse totalement la cause d'une émancipation et d'un éveil social encore chimérique. pic.twitter.com/ynk6YjZsjM

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 16, 2022

Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques, censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare sur les injustices sociales qui gangrènent son cadre.
S'inscrivant pleinement dans ses deux vérités et réalités, Juste une nuit, second long-métrage du cinéaste Ali Asgari, se fait le portrait puissant et furieusement évocateur de la jeune génération iranienne autant que de la difficile condition de la femme, ici vissé sur les aternoiements d'une jeune mère étudiante et célibataire à Téhéran, Fereshteh, qui voit sa décision de cacher sa maternité à ses parents douloureusement se retourner contre elle alors que sa mère lui annonce qu'elle va lui rendre visite dans la soirée.
Elle se lance alors dans une course contre la montre pour parvenir à faire garder son bébé et faire disparaître la moindre trace de son existence...

[CRITIQUE] : Juste une nuit

Copyright Bodega Films


Sorte d'extension 2.0 d'une idée déjà au coeur de son court-métrage The Baby, Asgari croque une merveille de thriller nerveux capturant caméra à l'épaule l'urgence qui habite le calvaire d'une jeune mère victime de l'oppression constante des pathologies critiques de la société iranienne contemporaine (violation permanente des droits des femmes, atteintes à la liberté, perceptions patriarcales éculées, bureaucratie à deux vitesses, moralité douteuse et ambivalente,...), dont l'errance continue à la recherche d'une aide salvatrice qui semble ne venir nulle part (chaque petite lueur d'espoir est sadiquement renversée par la suite), rappelle parfois le désespoir sourd du cinéma de feu Abbas Kiarostami - voire même les plus belles heures du néoréalisme italien.
À travers un récit réaliste et sombre, personnification du mythe de Sisyphe, le film dévoile progressivement une société qui, par le biais d'une jeunesse solidaire, commence à remettre en question l'ancien système (là où, paradoxalement, elle s'est déjà totalement occidentalisé d'un point de vue consumérisme) mais demeure, par nécessité ou par lâcheté, emprisonné dans ses engrenages. 
Jusque dans son final redempteur et fier, Juste une nuit se fait un puissant et édifiant portrait de femme determinée et indépendante qui embrasse totalement la cause d'une émancipation et d'un éveil social encore chimérique.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Juste une nuit