[CRITIQUE] : Armageddon Time

[CRITIQUE] : Armageddon TimeRéalisateur : James Gray
Avec : Anne Hathaway, Jeremy Strong, Banks Repeta, Anthony Hopkins, Jaylin Webb,…
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min
Synopsis :
L’histoire très personnelle du passage à l’âge adulte d’un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain.

Critique :

Authentique coming-of-age movie intime où la maturité offre non seulement une vision plus élargie du monde, mais surtout plus obscure, embaumée dans la photographie nostalgique de Darius Khondji, #ArmageddonTime permet à Gray d'interroger son jeune moi, mais jamais de le racheter pic.twitter.com/Q9yK56iSMo

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 9, 2022

Après avoir sondé les affres de l'âme humaine dans l'espace et sur la lune avec Ad Astra, James Gray revient sur Terre et surtout dans son New York natal avec Armageddon Time, de loin son oeuvre la plus personnelle jusqu'à maintenant, un retour aux sources qui s'opère après un réel besoin de s'évader (The Lost City of Z, Ad Astra), se confrontant directement à sa propre enfance et à des vérités qu'ils ne pouvaient pas encore comprendre, dans un formidable drame sur le paradoxe de l'assimilation.
Nous suivons son substitut/alter-ego cinématographique Paul, un enfant indiscipliné mais toujours sympathique et enthousiaste issu d'une famille juive aussi chaotique qu'animée.
Sa difficulté à suivre les règles et l'idéalisation de la vie d'artiste amènent certains à conclure qu'il est " lent ", hors il a juste tout simplement du mal à s'intégrer, tout comme son meilleur ami Johnny, un camarade de classe afro-américain qui partage son penchant rebelle face à l'autorité autant que sa propension à voir grand - et à rêver tout aussi grand.

[CRITIQUE] : Armageddon Time

Copyright 2022 Focus Features, LLC.


La différence entre eux, celle que Paul ne peut pas vraiment comprendre, c'est qu'il pourrait vraiment devenir un artiste célèbre, malgré le fait que ses parents, Esther et Irving préféreraient le voir embrasser une vocation qui le rende financièrement solide : il a un privilège matériel que Johnny, issu d'un quartier pauvre, n'a pas...
Avec une subtilité et une délicatesse rare, Gray souligne le manque de conception qu'il avait autrefois pour son privilège - même modeste - de pouvoir se fondre dans une amérique blanche et chrétienne normalisée, une catégorisation que sa famille a fui autrefois et dont elle est maintenant devenue complice, tant c'est la seule issue pour vivre la notion erronée de la vie qu'incarne le rêve américain et donner une maigre chance à leur enfant d'avoir un avenir au sein d'un système pipé d'avance, qui exhorte la jeunesse à comprendre qu'ils auront travaillé dur pour obtenir " le meilleur que l'Amérique a à leur offrir ".
Au coeur des années 80, l'Holocauste était une tragédie encore vive dans l'histoire de l'humanité, et certains préféraient encore garder leurs portes fermées aux juifs s'ils en avaient l'occasion, et c'est un privilège pour Paul de ne pouvoir se fondre dans la masse, de ne pas être frappé par le racisme, la lutte des classes et l'injustice qui font rage et qui, jusqu'à présent, n'avait pas encore contaminé son monde.

[CRITIQUE] : Armageddon Time

Copyright 2022 Focus Features, LLC.


Authentique coming-of-age movie intime où la maturité offre non seulement une vision plus élargie du monde, mais avant tout et surtout plus obscure, embaumée dans la photographie rêveuse et nostalgique de Darius Khondji, Armageddon Time permet à James Gray d'interroger son jeune moi, mais jamais de le racheter.
Au lieu de cela, le film incarne une fantastique fable familiale et morale aux émotions savamment retenues, un examen réfléchi et pointu de sa propre perspective limitée au coeur d'une Amérique vampirisée par la méritocratie de l'ère Reagan, où la naïveté et la frustration de l'enfance peut être aussi dangereuse que les préjugés délibérés des adultes.
Jonathan Chevrier
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