Un cri dans la nuit

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à L’Atelier d’Images pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Un cri dans la nuit » de Fred Schepisi.

« Un dingo ? Ils nous prennent vraiment pour des cons ces deux là ! »

La famille Chamberlain campe dans l’arrière-pays australien. Au matin leur bébé de 9 mois a disparu, vraisemblablement victime d’un chien sauvage. Au fil de l’enquête, la mère de famille est acculée par les médias et l’opinion publique jusqu’à être accusée d’infanticide. Devant faire face à la rumeur et à l’hystérie collective, le monde entier a bientôt les yeux rivés sur la jeune femme qui clame pourtant son innocence…

« Le mensonge a déjà fait le tour du monde quand la vérité n’a pas encore mis ses bottes »

Sous ses allures de pays neuf et moderne, l’Australie reste cependant un vaste territoire vide encore largement sauvage et peuplé d’animaux dangereux. Au point même qu’une simple partie de camping puisse se transformer en un évènement tragique. Ainsi, en 1980, la famille Chamberlain vivra la douloureuse disparition de son nourrisson, enlevé sous leurs yeux dans sa tante par un dingo. Un fait divers dramatique qui secouera l’opinion publique du pays, donnant lieu à une affaire judiciaire qui passionnera les foules et défrayera la chronique. Un sujet qui donnera lieu à un livre, « Evil Angels » de John Bryson. Et qui intéressera rapidement l’industrie cinématographique locale, pressentant là un sujet potentiellement porteur. Contacté très tôt pour le diriger, le régional de l’étape Fred Schepisi – qui fait alors carrière à Hollywood (« Iceman », « Plenty », « Roxanne ») – rechigne dans un premier temps à donner son accord, et attendra (de peur de les influencer) que les procédures judiciaires soient terminées pour s’atteler au projet.

« Vous parlez de ma petite fille, pas d’un simple objet ! »

Les drames touchant les jeunes enfants – par définition innocents et sans défense – sont toujours ceux qui touchent le plus l’opinion. Au point parfois de déchainer les passions et de vouloir chercher à tout prix un responsable. Même quand celui-ci est pourtant de nature accidentelle. En cela, « Un cri dans la nuit » n’est pas temps un film policier qu’un drame judiciaire : il ne s’intéresse pas tant aux circonstances de la mort de la petite Azaria qu’à ses répercussions médiatiques. En effet, Schepisi aborde son sujet sous l’angle des médias, dont il interroge la déontologie en dénonçant la rapacité des journalistes et la capacité de la presse à exploiter ad nauseam un sujet dramatique, sans peur de donner dans le racoleur et dans le scabreux. Et ainsi d’influencer l’opinion en insinuant sournoisement le doute et de jeter en pâture des innocents au seul prétexte qu’ils ne renvoient pas l’image de ce que l’on attend d’eux. A commencer par la mère de la défunte, dont l’attitude étonnement détachée suscitera d’abord le mépris puis la colère. Au point d’en faire une coupable idéale. A tort ? C’est là la grande force du film que de partir d’un « simple » fait divers pour dénoncer les dérives universelles du tribunal de l’opinion, de la manipulation des foules et du jugement sur l’image, qui ne peuvent conduire qu’à de terribles erreurs judiciaires. Un sujet fort, traité avec subtilité et porté par l’interprétation convaincante de Meryl Streep (récompensée par le Prix d’interprétation féminin au Festival de Cannes) et de Sam Neil. On regrettera cependant, d’un point de vue formel, le manque de rythme du récit, qui tend – notamment dans sa seconde partie – à se perdre un peu en longueur et a étiré inutilement certaines séquences.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale anglaise (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview exclusive du réalisateur Fred Schepisi (2022, 34 min.) ainsi que d’une Bande-annonce originale.

Édité par L’Atelier d’Images, « Un cri dans la nuit » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 4 octobre 2022.

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