Une Robe pour Mrs. Harris (2022) de Anthony Fabian

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nouveau film de réalisateur Anthony Fabian et seulement son troisième long métrage après "Skin" (2008) et "Louder than Words" (2013). L'histoire est adaptée du roman "Mrs. 'Arris Goes to Paris" (1958) de Paul Gallico, sur lequel le cinéaste précise : "Le livre renferme la structure de l'histoire mais pas sa chair. On ne sait jamais pourquoi elle veut cette robe à ce point, et cela parait comme une lubie assez superficielle. Il fallait que ce soit beaucoup plus profond. Je voulais qu'on comprenne à quel point son coeur avait pu être meurtri et comment il allait recommencer à battre lors de ce voyage initiatique. C'est une veuve qui a mis son coeur en pause et la robe représente un objet inanimé qu'elle peut aimer sans trahir la mémoire de celui qu'elle a toujours aimé." Le réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec Carroll Cartwright dont le travail se résume un peu aux films "En Toute Complicité" (2000) de Marek Kanievska et "Donjons et Dragons" (2000) de Courtney Solomon, Olivia Hetreed autrice de "La Jeune Fille à la Perle" (2003) de Peter Webber et "Les Hauts de Hurlevent" (2011) de Andrea Arnold, puis Keith Thompson qui a signé "Les Saphirs" (2012) de Wayne Blair... Dans le Londres d'après-guerre, Ada Harris est femme de ménage et veuve de guerre. Un jour, soudain, elle est submergé d'émotion quand elle découvre une robe sublime signée Dior dans la chambre d'une de ses riches clientes. Elle commence alors à rêver et se dit qu'une si belle robe, une oeuvre d'art en soi, ne peut que changer la vie de quiconque la possède...

Le rôle titre est incarné par Lesley Manville, actrice fétiche de Mike Leigh de "Secrets et Mensonges" (1996) à "Mr. Turner" (2014) en passant par "Vera Drake" (2004) ou "Another Year" (2010), qui a touché du doigt la haute couture aussi dans "Phantom Thread" (2017) de Paul Thomas Anderson et qu'on n'avait pas vu depuis "Miss Revolution" (2020) de Philippa Lowthorpe. Elle rencontre logiquement quelques frenchies dont Isabelle Huppert vue récemment dans "Les Promesses" (2022) de Thomas Kruithof et "IO" (2022) de Jerzy Skolimowski, et après "Les Possédés" (1988) de Andrzej Wajda et "Tout de Suite Maintenant" (2016) de Pascal Bonitzer elle retrouve son partenaire Lambert Wilson vu dans "Matrix Resurrections" (2021) de Lana Wachowski et "Plancha" (2022) de Eric Lavaine, puis Lucas Bravo révélé dans "La Crème de la Crème" (2014) de Kim Chapiron et vu récemment dans "Ticket to Paradise" (2022) de Ol Parker, Guilaine Londez vue récemment dans le succulent "Oranges Sanguines" (2021) de Jean-Christophe Meurisse et qui retrouve Lambert Wilson après dans "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven, la franco-autrichienne Roxane Duran révélée dans "Le Ruban Blanc" (2009) de Michael Haneke vue depuis dans "Michael Kohlhaas" (2013) de Arnaud des Pallières, "Respire" (2014) de Mélanie Laurent ou "Amants" (2020) de Nicole Garcia. Citons ensuite Jason Isaacs fameux Lucius Malfoy dans la saga "Harry Potter" (2001-2011) et vu dernièrement dans l'excellent "La Mort de Staline" (2017) de Armando Iannucci ou "La Ruse" (2022) de John Madden, Anna Chancelor vue dans "St Trinian's" (2007) de Oliver Parker, "Oh my God !" (2011) de Tanya Wexler et "Mémoires de Jeunesse" (2015) de James Kent, Christian McKay aperçu dans "Rush" (2013) de Ron Howard ou "Une Merveilleuse Histoire du Temps" (2014) de James Marsh, Freddie Cox vu dans "The Riot Club" (2014) de Lone Scherfig, "Le Roi Arthur : la Légende d'Excalibur" (2017) de Guy Ritchie ou "The Renegade" (2018) de Lance Daly, puis deux jeunes actrices qui poussent, Alba Baptista aperçue dans "Leviano" (2018) de Justin Amorim, "Fatima" (2020) de Maroc Pontecorvo et surtout connue pour la série TV "Warrior Nun" (2020-...), puis enfin Rose Williams révélée dans des séries TV comme "Reign : le Destin d'une Reine" (2013-2017), "Jane Eyre : Bienvenue à sanditon" (2019-...) et "Les Medicis" (2019) mais vue aussi sur grand écran récemment dans "The Power" (2022) de Corinna Faith... Soyons clair et honnête comme l'annonce le producteur : "C'est un film sur Dior. Dior est dans toutes les scènes, même si Christian Dior lui-même n'est pas très présent dans le film. Ici on est vraiment dans l'esprit de la célébrissime marque de luxe et tout ce qu'elle peut représenter de glamour et de chic "à la française." Le film est donc une sorte de film hommage de la marque et par ricochet du style à la française ce qui ne manque pas d'avoir aussi son lot de clichés et de cartes postales.

Ainsi on sourit vert (faut bien l'avouer) sur cette soit disante grève des éboueurs parisiens, tandis qu'on reste blasé par les images d'épinal de Paris touristique. Mais le plus gênant dans tout ça c'est que rien ou pas grand chose n'est vraiment véridique dans tout ce qu'on apprend sur Dior. En effet, l'histoire se déroule en 1957, apogée de la marque, qui possède déjà des succursales dans le monde, qui habille déjà des stars hollywoodiennes, et de surcroît c'est aussi l'année de la mort du couturier. Le film raconte au contraire que a marque est au bord de la faillite ou que Dior n'a que son adresse avenue Montaigne. Il est tout de même dommage que la marque soit si malmenée du point de vue véracité et au niveau chronologie. Il aurait fallu sinon situer l'histoire à une autre époque, on pourrait d'ailleurs chipoter sur le défunt époux, son âge à sa disparition et celui de Mrs Harris en 1957. Et pourtant, Lesley Manville est pétillante à souhait et incarne à merveille cette femme de ménage qui veut s'offrir un rêve soit disant inatteignable. Les français sont malheureusement à l'image de Paris, caricaturaux à outrance. Par contre, si Dior n'est pas très "Dior" on souligne le chic de la Haute Couture de belle manière avec des robes somptueuses, dont la créatrice, Jenny Beavan avait déjà habillé Lesley Manville dans la série TV "Cranford" (2007), et elle avait déjà eu un aperçu mode très marqué avec le film "Cruella" (2021) de Craig Gillepsie. Ensuite le film aurait gagné à être plus court de 10-15mn, la partie "prêt" de la robe est trop longue et peu inétressante. Le réalisateur signe donc un film à double facette, le côté britannique doux comme du coton, touchant souvent, et le côté français, vu d'oeil très et trop clichés touristiques et/ou images d'épinal. Une petite comédie maladroite donc mais qui a assez de charmes et de grâces, et même de fantaisie pour passer un bon moment sourire en prime.

Note :      

13/20