[CRITIQUE] : Jacky Caillou

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Lucas Delangle
Avec : Thomas Parigi, Edwige Blondiau, Lou Lampros, …
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique
Nationalité : Français
Durée : 1h32min
Synopsis :
Un village de montagne. Haut dans les Alpes. Jacky Caillou vit avec sa grand-mère, Gisèle, une magnétiseuse guérisseuse reconnue de tous. Alors que Gisèle commence à lui transmettre son don, une jeune femme arrive de la ville pour consulter. Une étrange tache se propage sur son corps. Certain qu’il pourra la soigner, Jacky court après le miracle.

Critique :

Avec #JackyCaillou, Lucas Delangle déterre les peurs primaires et signe un coming of age des plus singuliers, mi-conte, mi-récit horrifique où il est question du poids de l’héritage dans une communauté soudée et même de trouver sa place dans un monde étriqué. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/G7RSnNUWD8

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 29, 2022

Jacky Caillou, le nom prête à rire. Orphelin, il habite dans un petit village de montagne, avec sa grand-mère magnétiseuse. Premier film de fiction de Lucas Delangle, Jacky Caillou puise dans les contes d’antan pour nous offrir un long métrage hors du temps. Une histoire d’amour, de magie ancestrale et de transformation animale, qui sublime la nature, en épouse sa dangerosité et la fascination qu’elle inspire.

© Best Friends Forever


Les monstres ont le vent en poupe dans le cinéma francophone ces derniers temps. De son côté, Lucas Delangle revisite le mythe du loup. Celui qui hante la forêt et attaque les brebis aux alentours. De cette fascination pour la férocité des loups, le cinéaste décide d’y apporter la métaphore d’une émancipation féminine, à l’image du film Le Peuple Loup (réalisé par Tomm Moore et Ross Stewart), où la transformation en loup signifiait la liberté pour des jeunes filles confinées dans les stéréotypes de genre voulus par leur époque. Dans Jacky Caillou, Elsa (magnétique Lou Lampros) voit une tâche dans son dos se propager à mesure que son pouvoir prend de l’ampleur. La forêt l’appelle et elle laisse le désir sauvage de liberté prendre le dessus. Une décision qui effraie Jacky (Thomas Parigi). Il essaie à tout prix de la guérir, grâce au don que lui a transmis sa grand-mère.
Lorsque le film débute, Jacky est en dehors des affaires de sa grand-mère, ce monde mystérieux. Artiste timide, expérimentateur sonore, il essaie de s'immiscer par le son, en écoutant derrière la porte. Son souffle, discret, entonne comme un chant rythmique dans l’ambiance sonore du film, accompagnant une musique gutturale et tout aussi discrète. Les bruits du corps forment une musique et renforce l’étrangeté de l’ensemble. Conte ou réalité, le mysticisme qui se dégage du film est palpable. Une fascination survient, grâce au pouvoir magnétique de la grand-mère (géniale Edwige Blondiau), mais aussi grâce aux peurs enfantines, dont se sert Lucas Delangle pour mieux déterrer l’imagination débordante de l’enfance : la magie existe, tant que l’on y croit.

© Best Friends Forever


Loin d’être moquées, les croyances rurales prennent les contours d’une réalité plus sombre. Il est question du poids de l’héritage dans une communauté soudée, peut-être trop. Il est question de trouver sa place dans un monde étriqué, et de croire à un pouvoir plus grand que nous. Lucas Delangle signe un coming of age des plus singuliers, mi-conte, mi-récit horrifique. Jacky Caillou déterre les peurs primaires et nous offre un monde de possibilité.
Laura Enjolvy