[CRITIQUE] : Run Sweetheart Run

[CRITIQUE] : Run Sweetheart Run

Réalisatrice : Shana Feste
Acteurs : Ella Balinska, Pilou Asbæk, Clark Gregg,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Après ce qui commence comme un dîner avec un client, une mère célibataire se retrouve traquée par un monstrueux assaillant.


Critique :

Pas toujours adroit dans sa manière de faire absolument valoir son point de vue au lieu d'approfondir son histoire et decdonner du corps à ses persos, #RunSweetheartRun n'en est pas moins viscéral et féroce dans sa charge rageuse contre la toxicité masculine et la lâcheté humaine pic.twitter.com/ciluiB2KQe

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 28, 2022

Il y a comme une certaine ironie méta qui se dégage, sur le papier tout dû moins, du nouvel effort de la réalisatrice Shana Feste, elle qui a fait ses gammes dans la comédie romantico-dramatique pas toujours défendable, et qui semblait avec Run Sweetheart Run (nouvel opus du partenariat Blumhouse/Prime Vidéo), opéré un virage à 180 degrés voire même, et c'est là toute l'ironie en question, répondre elle-même à toute sa filmographie d'une manière gentiment blasée.
Preuve qu'elle a sensiblement quelque chose à dire sur les rencontres et la compatibilité romantique, elle arpente cette fois le versant férocement dangereux des rencontres tout en puisant dans l'une de ses propres expériences traumatisantes, dans une charge furieuse et révélatrice sur la misogynie qui se déchaîne et gangrène la société depuis toujours, allant jusqu'à personnifier - et littéralement diaboliser - ce mal sociétal omniprésent.

[CRITIQUE] : Run Sweetheart Run

Courtesy of Amazon Prime Video


Vissé sur la soirée mortelle d'une jeune mère et avocate en herbe (convaincante Ella Balinska) qui se retrouve catapulté par un Pilou Asbaek creapy as hell, dans une chasse à l'homme - où plutôt femme - infernale à travers une L.A. nocturne, le film embrasse pleinement ses contours de cauchemar horrifique, un parti pris qui ne fait que renforcer sa posture sociopolitique autant que son penchant onirique (son anxiété exacerbée, sa stigmatisation sociale et le monstre qui la traque sont symboliquement liés à sa menstruation), même si le seul talon d'achille du long-métrage réside paradoxalement là où il tire également sa plus grande force : son écriture.
Imperturbable dans sa prise en grippe des rouages d'une société patriarcale où la violence faîte aux femmes est quotidienne et totalement banalisée (voire réduite au silence par la lâcheté humaine), Feste se laisse cependant aller à quelques choix indéfendables qui nuisent sensiblement sa vision (ce sempiternel quatrième mur à nouveau brisé), comme si le film incarnait à la fois le commentaire féministe urgent - avec une pointe de lutte des classes - qu'il veut désespérément être (avec un élan de sororité peu subtile dans son dernier tiers), mais qu'il se perd tout autant dans sa propre pontification féministe et radicale.

[CRITIQUE] : Run Sweetheart Run

Courtesy of Amazon Prime Video


Pas toujours adroit donc dans sa manière de faire absolument valoir son point de vue au lieu d'étayer son histoire (assez redondante même dans ses nombreux rebondissements) et de donner du corps à ses personnages (taillés à la serpe), mais la charge qu'incarne Run Sweetheart Run n'en est pas moins viscérale et pleine de rage, et aurait mérité un meilleur écrin pour être pleinement impactante.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Run Sweetheart Run