[CRITIQUE] : Wendell & Wild

[CRITIQUE] : Wendell & Wild

Réalisateur : Henry Selick
Avec : avec les voix de Keegan-Michael Key, Jordan Peele, Lyric Ross, James Hong, Angela Bassett,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Animation, Aventure, Fantastique, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min
Synopsis :
L'histoire de deux frères démons, Wendell et Wild, qui demandent à Kat Elliot, une ado difficile rongée par la culpabilité, de les aider à rejoindre le monde des vivants. Mais ce que Kat souhaite obtenir en retour les propulse dans une aventure aussi étrange que comique, une épopée fantastique qui défie les lois de la vie et de la mort, le tout raconté grâce à la créativité manuelle du stop-motion.


Critique :

#WendellAndWild où un riche et inspirant désordre indiscipliné et exubérant, une proposition à la fois moderne, purement fantasmagorique et solidement ancrée dans un réel tout aussi troublé, tellement généreuse et énergique qu'il est difficile de faire la fine bouche à sa vision. pic.twitter.com/S2ToiN1FNV

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 28, 2022

Sur le papier, Wendell & Wild avait tout d'un projet furieusement alléchant tant il se devait d'incarner la fusion aussi improbable qu'explosive entre la magie gothique du génie de la stop-motion, Henry Semick (réalisateur et co-scénariste) et l'horreur politico-sociale engagée de féroce de Jordan Peele (co-scénariste et présent au doublage avec son comparse de toujours, Keegan-Michael Key), le tout prêt a garnir les citrouilles d'une Halloween 2022 finalement assez chiche en péloches mémorables.
À l'écran, si la rencontre s'avère un poil foutraque et ambitieusement chargée, elle n'en reste pas moins formidablement grisante et enlevée aussi visuellement démentielle et inventive qu'elle épouse des thématiques audacieuses la faisant sans forcer dépasser le carcan étriqué de l'animation fantaisiste, mais aussi la frustration de voir un tel effort se perdre un brin dans une histoire alambiquée manquant d'harmonie et de cohérence narrative.

[CRITIQUE] : Wendell & Wild

Copyright Netflix


Littéralement trois histoires en une (celle d'une adolescente orpheline devant vivre avec la culpabilité du survivant entre divers foyers, après la mort de ses parents dans un accident de voiture qu'elle ne cesse de se reprocher; celle de deux démons condamnés à appliquer une crème magique pour la repousse des cheveux à la tête chauve de leur père et suzerain, un goliath satanique dont l'estomac est la plate-forme d'un parc d'attractions, qui aspirent à échapper à leur servitude éternelle et à amasser suffisamment d'argent pour construire leur propre parc; et enfin celle d'une société maléfique qui complote plus où moins secrètement pour construire une prison privée à but lucratif), mélangeant l'inventivité sombre et démente old school de Selick à l'humour grivois et au commentaire sociopolitique piquant et contemporain de Peele, Wendell & Wild peut se voir comme une continuité logique de Coraline tant il est brodé dans le même tissu démoniaque et macabre, et qu'il en suit les mêmes gimmicks essentiels pour nourrir sa folie carnavalesque (une héroïne courageuse et bouffée par la tragédie, des familles fracturées, des amitiés forgées à travers des épreuves et des aventures déglinguées, des mondes souterrains déviants,...) marquée par le deuil et la colère (et leur double gestion dans le coeur d'une adolescente catapultée trop tôt dans l'âge adulte).

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Une extension satirique 2.0 dont la modernité transpire autant au travers d'une héroïne/paria résolument plus punk et bardées de pouvoirs extraordinaires, que de sa belle galerie de personnages inclusifs qui dynamitent les bouffonneries animées d'une histoire dont le souci de représentation s'adresse pour une fois, et authentiquement, à tous les publics (et qui s'engage réellement avec les réalités des personnes qu'il représente).
Un riche et inspirant désordre indiscipliné et exubérant jusque dans ses délirantes compositions vocales (celle toujours Laurel & Hardy-esque de Key et Peele en tête, sans oublier le légendaire James Hong), une proposition à la fois purement fantasmagorique et solidement ancrée dans un réel tout aussi troublant, tellement généreuse et énergique qu'il est bien, bien difficile de faire la fine bouche à sa vision.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Wendell & Wild