Séries | BLACK BIRD – 15/20 | SHE HULK S01 – 07/20 | DAHMER – 13/20

Par Taibbo

BLACK BIRD (AppleTV+) – 15/20

Inspiré d’un fait divers ahurissant, Black Bird raconte comment un petit trafiquant tchatcheur se voit confier une mission d’infiltration non-officielle contre une remise de peine. Son but, faire parler un serial-killer pour qu’il se confie et lui indique où il a enterré ses victimes.
Le traitement est assez proche Mindhunter, même si l’exécution est moins raffinée. Mais le rapprochement entre Jimmy et Larry Hall est tout aussi passionnant. La réussite de Black Bird est de ne jamais laisser paraître le monstre sous un jour favorable. Malgré ses airs de gros nounours un peu benêt, Hall est glaçant, effroyable. Son interprétation par Paul Walter Hauser (Le Cas Richard Jewell) est démente. Taron Egerton, tout en muscle, se hisse à son niveau, son visage marqué passant de l’arrogance à une peur pure et primale.
Court, mais efficace, à l’image de la plupart dramas ultra qualitatifs d’AppleTV+
SHE HULK S01 (Disney+) – 07/20

Dans la lignée des dernières productions Marvel (ciné ou TV), She Hulk s’avère aussi fainéante que poussive, quand elle n’est pas simplement gênante. Présentée comme une comédie procédurale à la Ally McBeal, elle ne s’en approche jamais, même de loin. Il n’y a quasiment jamais de scène de procès qui mettent en valeur Jenifer l’avocate. La série n’a rien à raconter, où elle le fait mal, de manière expéditive et désordonnée. Pire, à l’image de Thor 4 il y a peu, She Hulk ternit l’image de personnages Marvel jusqu’à là solides, comme Wong ou Daredevil qui se ridiculisent dans cette bouffonnerie. Et on ne parle pas des effets spéciaux, affligeants.
L’idée que Jen brise le 4ème mur était intéressante, mais elle est traitée en dilettante, sans but précis. Dommage car ses actrices, Tatiana Maslany et Jameela Jamil en tête, méritaient beaucoup mieux.
À force de survendre ses projets comme des éléments essentielles au grand TOUT (le MCU), de privilégier la quantité à la qualité, Marvel a totalement perdu le fil, accumulant les productions d’une effrayante vacuité que des CGI bâclés ne suffisent plus à sauver. Espérons que Black Panther 2 les remettent sur le bon chemin, celui d’une réelle vision artistique alliée à un solide story-telling. No Way Home mis à part, ce n’est pas arrivé depuis Endgame.


DAHMER (Netflix) – 13/20

Ryan Murphy aime l’horreur et les histoires criminelles. Jeffrey Dahmer est un donc un perfect match pour le showrunner. Il rend compte sur 9 épisodes de la psyché tordue et dérangée du serial killer, relate son enfance difficile, détaille son modus operandi obscène. Surtout, il mesure l’impact des actions de Dahmer sur son entourage, sur ses voisins, sa famille et celles de ses victimes. Mais il ne s’agit pas uniquement d’une histoire de serial killer, la série rend aussi compte du racisme systémique aux Etats-Unis, comment la parole des minorités y est ignorée. Et en quoi cela explique pourquoi le tueur a pu agir si longtemps en toute impunité.
On peut difficilement faire plus glauque, et Evan Peters incarne parfaitement le tueur, mais étrangement elle est moins malaisante que The Assassination of Versace, une autre série de Ryan Murphy. Le personnage de Andrew Cunanan interprété par Darren Criss avait un degré de perversité encore plus dérangeant, le genre à vous mettre mal à l’aise bien après avoir vu la série.
Dahmer est plus frontal, plus documentaire, ce qui lui confère une certaine distance. Mais on reste quand même à un haut niveau de psychopathie.