Le port des passions

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le port des passions » d’Anthony Mann.

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« On apprend plus de ses échecs que de ses succès »

1946. Démobilisés de l’US Navy, Steve Martin et Johnny Gambi ont décidé d’investir toutes leurs économies dans un rêve fou : construire une plate forme pétrolière au large des côtes de la Louisiane. Ils se heurtent à l’opposition musclée des pêcheurs, qui craignent que cela détruise la faune de la région. Rien ne sera épargné aux deux associés : tempêtes, sabotages et affrontements violents se succèdent, mettant en péril le projet…

« Jamais vous n’avez été pauvre. Jamais vous n’avez eu à miser votre dernière pièce sur un rêve. C’est bien dommage car c’est à ça qu’on se fait une éducation »

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Comme John Wayne et John Ford ou Radolph Scott et Budd Boetticher, les noms de James Stewart et Anthony Mann furent au cours des années 50 quasiment indissociables. Et pour cause, en moins d’une décennie, le cinéaste et le comédien tourneront pas moins de huit films ensemble. Il faut dire que les deux hommes se connaissent de longue date et sont liés par une longue amitié née sur les planches où ils firent leurs débuts de comédiens au sein de la même troupe au début des années 30. Et puis le destin les mènera sur des routes différentes : la carrière d’acteur de James Stewart décollera rapidement au cinéma, tandis que Mann restera dans l’ombre, travaillant d’abord comme répétiteur sur « Autant en emporte le vent » avant de devenir l’assistant réalisateur de Preston Sturges et de finir par réaliser ses propres films. S’il se fit d’abord connaitre durant les années 40 dans le registre du film noir (« La brigade du suicide », « Marché de brutes », « Il marchait la nuit »), c’est surtout dans le domaine du western que Mann signera ses plus grands succès (« Winchester 73 », « Les affameurs », « L’appât », « Je suis un aventurier », « L’homme de la plaine », tous interprétés par James Stewart). Fort de cette série de succès, James Stewart a les coudées franches pour imposer à ses producteurs ses propres projets. C’est ainsi qu’entre deux westerns, il obtient de faire un film sur la révolution des plateformes pétrolières qui se développent alors dans tout le sud des Etats-Unis. Et qu’il obtient que le projet soit confié à son ami Anthony Mann.

« Tu as tout tiré des hommes. Tu as tout tiré des machines. Mais tu ne tireras pas tout de moi »

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« Le port des passions », c’est avant tout l’histoire tumultueuse d’une success-story très américaine. Celle d’un homme du peuple modeste, visionnaire et suffisamment fou pour avoir l’audace de croire en ses rêves. Même si ceux-ci relèvent de la gageure. Et pour cause, puisqu’il ambitionne de réaliser la première plateforme offshore, un procédé technologique innovant devant permettre l’exploitation jusqu’alors impossible du pétrole sous-marin. Mais son ambition se heurtera à la frilosité des investisseurs autant qu’à l’hostilité de la petite communauté de pêcheurs du port louisianais dans lequel il compte mener à bien son entreprise. Clairement, « Le port des passions » est un film à la gloire de ce mythique « rêve américain » selon lequel la fortune est accessible à tous les audacieux pourvu qu’ils croient en leur projet et qu’ils travaillent dur. Mais le film est aussi, de façon plus subtile, un portrait social de cette Amérique profonde de l’immédiat après-guerre, en pleine mutation, tiraillée entre valeurs traditionnelles et tentation d’un progrès qu’elle veut croit synonyme de prospérité. En creux, les histoires personnelles des deux héros – tant face à l’hostilité des pêcheurs (donnant lieu à de belles scènes de bagarres de bar que Ford ne renierait pas !) qu’avec les filles de l’un d’eux – apportent une belle note d’humanité à l’ensemble. Si la dimension écolo laissera forcément le spectateur d’aujourd’hui assez pantois (non, les explosions de dynamite dans la mer n’abiment pas la faune et le pétrole attire les crevettes !), pour le reste, « Le port des passions » nous propose une aventure humaine plutôt prenante et touchante.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Eddy Moine (10 min.) ainsi que de bandes-annonces.

Édité par Éléphant Films, « Le port des passions » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition simple DVD depuis le 14 juin 2022. Il est également disponible en édition simple blu-ray depuis le 25 octobre 2022.

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