[CRITIQUE] : Pénélope, mon amour

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Claire Doyon
Acteurs : -
Distributeur : Norte Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h22min.
Synopsis :
Depuis 18 ans je filme Pénélope, jeune adulte porteuse d’autisme. Un jour j’ai ouvert le placard qui contenait des cassettes DV et des bobines super 8. Ça m’a presque crevé les yeux. Il fallait rassembler toutes ces images. Pénélope mon amour trace le parcours d’une mère et de sa fille à travers les années. Il raconte différentes étapes : le choc du diagnostic, la déclaration de guerre, l’abdication des armes, pour finalement accepter et découvrir un mode d’existence autre. Pénélope ne cesse d’acclamer ce qu’elle est, je ne cesse de questionner qui elle est. La réponse à la question est précisément dans cette quête infinie. Tout m’est renvoyé en miroir. Ainsi, n’est-ce pas Pénélope qui par ricochet me dit qui je suis ?


Critique :

Journal intime expérimental sur la relation entre Claire Doyon et sa fille atteinte du syndrome de Rett, #PénélopeMonAmour est une déclaration d'amour et d'adieu déchirante où l'on scrute au fil des années, un doc douloureux et essentiel dans sa manière de pousser à la réflexion. pic.twitter.com/zaBMmxjsve

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 13, 2022

Depuis plusieurs années, la réalisatrice Claire Doyon consacre sa filmographie à mettre en scène sa relation avec sa fille autiste, Pénélope, du long-métrage du même nom en 2012 au court-métrage Les allées sombres en 2015, elle exprime à travers sa caméra sa propre expérience de mère.
Son nouvel effort, Pénélope, mon amour ne déroge pas à cette règle tant il retrace tout le processus maternel qu'elle a vécu au fil des années, donnant dès lors un aperçu encore plus approfondi et surtout diamétralement opposé à son premier film.
Utilisant une partie du matériel tourné en 16mm et en vidéo numérique pendant deux décennies, débutant à partir du moment où Pénélope avait besoin de toute son attention (dès ses deux ans, ce qui l'a obligée à abandonner sa carrière de cinéaste pour continuer à s'occuper d'elle), le film se fait une fantastique et douloureuse lettre d'amour d'une mère à sa fille où les joies épousent les cris de désespoir.

Copyright Norte Distribution


Une déclaration d'amour et d'adieu déchirante sur pellicule où l'on scrute au fil des années, la frustration légitime d'une à vouloir normaliser la situation de sa fille et finir par remettre en question ladite guérison censée muer dans l'acceptation sociale des " normopathes ", prônant la recherche d'une fonction sociale chez l'individu et qui, lorsque celle-ci fait défaut, se ferment dans un rejet cruel accusant non pas leur fermeture d'esprit où leur bassesse crasse, mais la pathologie de la personne.
Journal intime personnel et expérimental sur sa relation avec sa fille atteinte du syndrome de Rett (qui affecte le développement du cerveau et provoque une détérioration progressive de la motricité et de la parole, un diagnostic annoncé froidement et sans empathie par sa psychologue), deux décennies de resistance commune où elle raconte avec une crudité admirable ses expériences, ses joies et ses peurs pour mieux avancer, mais également sa lente prise de conscience de la façon dont la société, et aussi elle-même en tant que mère, fixe des limites à ce qui est considéré comme " normal ".
Un documentaire difficile, bouleversant et surtout essentiel dans sa manière de tutoyer la vérité de la vie et a pousser à la réflexion.
Jonathan Chevrier