[FUCKING SERIES] : The Midnight Club : Tell me your (horror) story

[FUCKING SERIES] : The Midnight Club : Tell me your (horror) story
(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
Tous les mômes nés au coeur où à la fin des années 80 ont été frappés par la fièvre Goosebumps/Chair de Poule, ses livres " frissonnants " chapeautés par le prolifique R.L. Stine dont la formule (un cliffhanger à chaque fin de chapitre totalement désamorcé dès le début du suivant, et quelques frayeurs stéréotypés distillées avec parcimonie) usée jusqu'à la moelle, réservait suffisamment de découverte entre chaque histoire pour ne pas totalement donner le sentiment de s'être fait berner.
De l'horreur bon marché en somme mais furieusement fédératrice, et c'est justement au sein même de ce tourbillon populaire que Christopher Pike dégaina son The Midnight Club dans les librairies ricaines, pas si éloigné au fond d'un Fais-moi peur dans ses prémisses qui voient un groupe hétéroclite d'adolescents hospitalisés se réunissant dans une sorte de rituel nocturne dans la bibliothèque de leur institut hospitalier, pour ce raconter des histoires effrayantes.

[FUCKING SERIES] : The Midnight Club : Tell me your (horror) story

Copyright Eike Schroter/Netflix


D'une tristesse et d'une mélancolie déchirante dans ses ruminations sur le sens de la vie et de la mort, le roman croquait un portrait émotionnellement vibrant et vivant d'une jeunesse embaumée par la mort, tout en rendant chaque personnage joliment empathique même au-delà de la fatalité inhérente de leur destin.
Un club des cinq - mais à sept - tragique que l'orfèvre Mike Flanagan fait upgrader dans son adaptation en dix épisodes made in Netflix concoctée avec Leah Fong, un projet au long cours tant il voulait déjà faire de l'oeuvre de Pike, son premier long-métrage.
À la fois très fidèle et pourtant parfois en contradiction avec le matériau d'origine (auquel il rajoute plusieurs autres oeuvres de Pike - WitchThe Wicked Heart où encore Road to Nowhere -, dans une sorte de total package bien trop épais même si enivrant), le show, définitivement plus série anthologique que mini-série, n'en reste pas moins l'oeuvre la plus émouvante de Flanagan à ce jour tant la menace qu'il expose ici n'est pas tant surnaturelle que profondément inéluctable : la mort elle-même, avec un prisme jamais romancé ni moralisateur qui renforce intimement les liens émotionnels aussi bien entre chacun des personnages, que l'empathie du spectateur envers eux.

[FUCKING SERIES] : The Midnight Club : Tell me your (horror) story

Copyright Eike Schroter/Netflix


S'intéressant moins à l'horreur pour elle-même qu'à l'utilisation du genre (à l'instar de teen shows tels que SupernaturalBuffy contre les vampires) comme d'un véhicule pour arpenter des thématiques plus vastes (la vie, la mort, la foi,...), tout en incarnant une diversion suffisamment amusante pour la saison - jump scares décents à la clé -, il y a pourtant une véritable aura horrifique au coeur de ce spectacle fondée autant sur le pouvoir (la magie?) de la narration que sur des préoccupations beaucoup humaines (maladie, incapacité, détérioration physique, la mort,...) et les efforts que les personnages sont prêts à faire pour leur échapper, jouant ostensiblement de leur imagination pour vaincre leurs peurs et leurs chagrins.
Les nuits que les amis passent ensemble en se racontant des histoires qu'ils ont conçues en parallèle avec leur propre vie, réaffirment leur besoin d'appréhender chaque minute comme si c'était la dernière et c'est dans cette acceptation - où sa lutte - contre l'inéluctable que la série tire sa plus grande puissance, et cela même si, comme pour les précédents projets Netflix de Flanagan, si chaque membre de son puzzle narratif se voit accorder une vraie profondeur intimement lié à son arc créatif, tous ne sont pas forcément logés à la même enseigne et certaines des sous-intrigues apparaissent plus artificielles que d'autres.

[FUCKING SERIES] : The Midnight Club : Tell me your (horror) story

Copyright Eike Schroter/Netflix


Moins dévastatrice et précise que les horlogeries suisses précédentes de son auteur, que ce soit dans sa structure (anthologique) où sa visée (du public cible à son statut d'ouverture à un univers appelé à revenir), The Midnight Club vacille parfois dans sa compulsion à vouloir tout englober mais n'en est pas moins une belle évasion où Flanagan nous assène à nouveau une vérité simple : nos peurs les plus profondes sont souvent intimement liées et motivées par ce que nous désirons le plus.
Jonathan Chevrier
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