Tarawa tête de pont

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Tarawa, tête de pont » de Paul Wendkos.

« Se faire tuer est une chose. Mais que ce soit au moins pour une bonne raison. »

Iles Gilbert, 1943. La section que dirige le lieutenant Brady est massacrée. Brady, le sergent Sloan et le soldat Campbell en réchappent. Brady tue Campbell, témoin de son incompétence. Peu après, Sloan se rend chez la veuve de Campbell et découvre que Brady est fiancé à Maria, la fille de celui qu’il a tué…

« La guerre, c’est la clé de la ville : si on réussit ici, on réussira chez nous ! »

Venu du documentaire, l’américain Paul Wendkos bifurque vers la fiction au milieu des années 50. S’il mènera une très prolifique carrière à la télévision en œuvrant aussi bien sur des séries (« Les mystères de l’ouest », « Hawaï police d’état » …) que sur des téléfilms, il eut aussi une honnête carrière au cinéma, forte d’une quinzaine de films, pour la plupart de série B. Au cinéma, il reste célèbre auprès du public américain pour avoir réalisé la trilogie des « Gidget » (« Gidget » en 1959, « Gidget à Hawaï » en 1961 et « Gidget à Rome » en 1963), ancêtres des teen movies. Mais pour les plus connaisseurs, il s’illustra surtout dans les films de genre, passant avec fluidité du film noir (« Le cambrioleur » en 1957) au western (« Le salaire de la haine » en 1959, « Les colts des sept mercenaires » en 1969 ou encore « Les canons de Cordoba » en 1970) et, surtout, au film de guerre (« La bataille de la Mer de Corail » en 1959, « Attaque sur le mur de l’Atlantique » en 1968). Un genre qu’il aborde pour la première fois en 1958 avec « Tarawa, tête de pont ».

« Vous voilà en panne. Parce que vous n’aviez rien risqué jusqu’alors. »

Tarawa. Un nom exotique qui n’évoque sans doute rien pour la plupart d’entre nous. Pourtant, ce petit atoll perdu au fin fond du Pacifique, appartenant aujourd’hui à la petite République de Kiribati, fut en novembre 1943 le théâtre d’une sanglante bataille amphibie opposant les américains aux japonais. Si Tarawa fut éclipsée par quelques autres batailles plus emblématiques du front Pacifique (Guadalcanal, Midway, Iwo Jima…), Wendkos profite donc de la vogue des films sur la Seconde Guerre mondiale pour la met donc ici à l’honneur. Un sujet qu’il connait par ailleurs plutôt bien puisqu’il a lui-même servi dans la Marine américaine durant le conflit. Mais « Tarawa tête de pont » est un film bien plus complexe qu’il n’y parait. En effet, au-delà même de ladite bataille, le film narre la rivalité entre deux hommes née de leur conception même de la guerre. Le second reprochant en effet au premier, son ancien supérieur, de s’être servi de ses hommes et de les avoir sacrifié dans une mission suicide inutile au seul bénéfice de sa propre gloire. De quoi en tirer une réflexion sur l’héroïsme, le sens du sacrifice et les difficultés morales inhérentes aux décisions pour ceux qui commandent. Si les scènes de romande à terre évoquent parfois « Tant qu’il y aura des hommes » (Zinnemann, 1953), « Tarawa tête de pont » offre aussi quelques belles scènes de batailles en puisant pour l’occasion efficacement de stock-shots. En dépit d’un budget qu’on devine limité et d’une quasi absence de vedettes à l’écran, « Tarawa tête de pont » n’en demeure pas moins un film de guerre plutôt plaisant et, surtout, assez pertinent.

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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée et proposé en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation du film par Patrick Brion, du documentaire : « Avec les Marines à Tarawa » (20 min.) et d’une bande-annonce originale.

Édité par Sidonis Calysta, « Tarawa, tête de pont » est disponible en DVD depuis le 20 septembre 2022.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.