[CRITIQUE] : Novembre

[CRITIQUE] : Novembre

Réalisateur : Cédric Jimenez

Avec : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Lyna Khoudri, Cédric Kahn, Jérémie Renier, Sami Outalbali, Stéphane Bak, Raphaël Quenard,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Thriller, Policier
Nationalité : Français.
Durée : 1h47min
Synopsis :
Une plongée au cœur de l’Anti-Terrorisme pendant les 5 jours d'enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre.

Critique :

#Novembre enferme sa reconstruction stricto sensu des événements du 13 novembre dans le prisme du polar sec et conventionnel où il n'y a de place que pour l'action et non pour la réflexion, abandonnant tout regard sociétal où même tout ancrage à des personnages taillés à la serpe pic.twitter.com/apoJijC0Hh

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 4, 2022

L'ombre des attentats du 13 novembre 2015 est tellement prégnante (son procès ne s'est clôt il y a une poignée de semaines seulement), qu'il est difficile de ne pas ressentir quelque chose de profondément voyeuriste, voire même de sournoisement opportuniste, dans la propension qu'a le septième art hexagonal à vouloir raviver cette blessure - qui ne se fermera jamais vraiment - où décortiquer sous toutes les coutures ces tragiques événements, d'autant plus si ce n'est pour rien ne présenter face caméra, qu'une simple mise en images des faits.
Si l'on peut très vite disculper Alice Winocour et son magnifique Revoir Paris, dont les intentions intimes (son frère a survécu à l'attaque du Bataclan) ont débouchées sur une médiation subtile sur le traumatisme, le deuil de soi et l'importance de la réappropriation des souvenirs pour avancer, comprendre et accepter que plus rien ne sera jamais pareil, et que le couperet n'est pas encore tombé en ce qui concerne Un an, une nuit d'Isaki Lacuesta (encore sans date de sortie dans l'hexagone, et adapté l'autobiographie de Ramon González, également survivant de l'attaque terroriste du Bataclan); pour Novembre de Cédric Jimenez en revanche, ce n'est pas tout à fait la même limonade.

[CRITIQUE] : Novembre

Copyright 2021 RECIFILMS - CHI-FOU-MI PRODUCTIONS - STUDIOCANAL - FRANCE 2 CINEMA - UMEDIA


S'il laisse - heureusement - comme les deux autres films, l'horreur des attentats de côté (aucune reconstitution putassière et sensationnaliste donc) pour ne se focaliser que sur leurs conséquences - même si les victimes sont elles aussi mises de côté -, au travers de l'investigation menée par les membres de la brigade anti-terroriste pour tenter de capturer les meurtriers et leurs complices (cinq jours de traque qui aboutiront aux interpellations spectaculaires du 18 novembre), le film n'en rend pas moins légitime son point de vue tant il... en manque cruellement.
Reconstruction stricto sensu et réaliste des événements via le prisme du polar sec et brutal enlacé dans le processus fébrile et frénétique de ses hommes et de ses femmes lancé dans une véritable course contre-la-montre pour mener leur enquête à bien, Jimenez enferme son regard dans une dimension physique (à l'instar de Bac Nord, le réalisateur fait une nouvelle fois preuve d'un vrai savoir-faire dans la regurgitation d'une mise en scène musclé tout droit sortie d'un polar hard boiled des 70s, avec cette fois-ci un tension réellement palpable) dans laquelle il n'y a de place que pour l'action et non pour la réflexion - à la différence d'un Zero Dark Thirty

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En résulte alors un thriller conventionnel, efficace par moment et bien rythmé certes mais furieusement inutile dans son pragmatisme tant il ne distille aucune incarnation, aucun regard sociétal (sans doute la répercussion des polémiques autour de Bac Nord) sur son sujet pourtant riche en questionnement (les dysfonctionnements institutionnels, la crainte de l'islamisme radical, un terrorisme de plus en plus présent dans nos quotidiens,...), ni n'offre le moindre ancrage à des personnages taillés à la serpe - et résumé qu'à leurs rôles - et ne vivant que sur le charisme/talent de ses interprètes.
Un exposé sobre donc mais surtout férocement didactique et inconsistant.
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : Novembre