[CRITIQUE] : Harka

[CRITIQUE] : Harka

Copyright Dulac Distribution

Réalisateur : Lotfy Nathan
Avec : Adam Bessa, Salima Maatoug, Ikbal Harbi,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français, Tunisien, Luxembourgeois, Belge.
Durée : 1h22min.
Synopsis :
Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022.
Ali, jeune tunisien rêvant d’une vie meilleure, vit une existence solitaire, en vendant de l’essence de contrebande au marché noir. À la mort de son père, il doit s’occuper de ses deux sœurs cadettes, livrées à elles-mêmes dans une maison dont elles seront bientôt expulsées. Face à cette soudaine responsabilité et aux injustices auxquelles il est confronté, Ali s’éveille à la colère et à la révolte. Celle d’une génération qui, plus de dix ans après la révolution, essaie toujours de se faire entendre…

Critique :

En scrutant de manière saisissante les maux sociaux et politiques d'une Tunisie divisée, au travers du dilemme sisyphéen d'un jeune homme voulant s'extirper d'un quotidien baignant dans la pauvreté, #Harka incarne un drame anxieux et prenant à la mise en scène joliment inventive. pic.twitter.com/EY4AW1vIJq

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 4, 2022

Ali dort sur un chantier de construction abandonné et se débrouille à peine en vendant de l'essence de contrebande. 
Chaque jour, la police vient à son encontre, bien au courant des opérations du marché noir, et encaisse une partie de ses bénéfices dérisoires.
Il rêve comme de nombreux jeunes de quitter la Tunisie et d'émigrer en Europe, mais lorsqu'il apprend le décès de son père, il devient responsable de la garde de ses jeunes sœurs.
Et les choses vont de mal en pis lorsque la famille est soudainement expulsée de leur domicile familial, suite aux dettes impayées du patriarche...
Jolie proposition que le premier long-métrage écrit et réalisé par le wannabe cinéaste américano-égyptien Lofty Nathan, Harka, un drame puissant et épuré qui scrute douloureusement le dilemme sisyphéen de cette quête impossible de s'extirper d'un quotidien baignant dans la précarité/pauvreté, au coeur d'un système corrompu jusqu'à l'os.

[CRITIQUE] : Harka

Copyright Dulac Distribution


Catapultant son auditoire dans l'intimité d'Ali et de ses tentatives infructueuses à vouloir bousculer une situation profondément désastreuse (il échoue dans sa tentative de reprendre l'ancien emploi de son père dans les bureaux du gouvernement local, s'essaie dans une autre entreprise de marché noir jusqu'à ce que la police le rattrape,...), rendant férocement palpable le désarroi et l'impuissance qui l'habite, le film épouse les contours d'un regard quasi-documentaire, une volonté de réalisme exacerbée frappée par un naturalisme authentique qui se retrouve jusque dans les performances criantes de vérité de son casting, Adam Bessa en tête, lumineux dans la peau d'un Ali pas forcément empathique (même si l'on se soucie pleinement de son sort), dont il embrasse sans réserve toute la frustration et la douleur intime - qui provoque en lui des soubresauts de violence.
En scrutant de manière saisissante les maux sociaux et politiques d'une Tunisie divisée et qui ne s'est toujours pas remise des ravages du printemps arabe, Harka incarne un premier effort anxieux et prenant à la mise en scène joliment inventive.
Une vraie et belle découverte.
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : Harka