Le docteur Jivago

Par Dukefleed
Injustement descendu par la critique à sa sortie

Voilà un film épique comme le cinéma américain de la grande époque savait en livrer ; un monument du genre. A l’époque on osait le format 3h15 pour embarquer le spectateur dans une histoire au long court. La prise de risque est énorme : tenir le spectateur sur une durée si longue ; mais lorsque çà match, c’est un chef d’œuvre. C’est un pur bonheur de suivre les chassés croisés entre tous ces personnages follement romanesques dans une Russie en pleine mutation qui sous le coup de la Révolution deviendra plus tard l’URSS. Pour incarner ces témoins d’une époque pris entre histoires personnelles échevelées et une grande Histoire violente ; le casting est tout simplement incroyable et chacun campe son rôle avec beaucoup de justesse ; Omar Sharif, titulaire du rôle-titre deviendra indissociable de Jivago. Le thème musical sur fond de balaïka envoutante et incroyablement romantique composée par Maurice Jarre deviendra une des musiques de film d’anthologie du cinéma. Et c’est David Lean qui se colla à cette adaptation ; et le choix ne peut être plus pertinent, expert dans la maitrise des œuvres au long court, il en livre une version aboutie et rigoureuse. On peut lui reprocher juste d’être légèrement anachronique ; ses accents épico romanesque ne sont plus en odeur de sainteté à sa sortie. Le cinéma a changé depuis « Autant en emporte le vent » produit 30 ans avant ; les critiques lui tomberont dessus à bras raccourcis n’ayant des yeux de chimère que pour la Nouvelle Vague et le cinéma social britannique. Mais ce genre est indémodable lorsqu’il est abordé avec maitrise voire maestria ; plus tard « Titanic », dans la même veine est aussi le témoin d’un genre intemporel.

Ne boudez pas votre plaisir devant un vieux film qui fait beaucoup de bien. Vu récemment, « Géant », autre film épique US de la même époque ; celui-ci est bien plus enlevé et intemporel. Il peut aussi permettre de comprendre la résistance du peuple russe.

Sorti en 1966

Ma note: 18/20