[CRITIQUE] : Los Fuertes

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Omar Zúñiga Hidalgo
Avec : Samuel González, Antonio Altamirano, Marcela Salinas,...
Distributeur : Optimale Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Chilien.
Durée : 1h38min
Synopsis :
Lucas se rend chez sa sœur dans un village reculé du Sud du Chili avant de s’en aller vivre au Canada. Là, face à l’océan et au milieu de la brume, il rencontre Antonio, maître d’équipage sur un bateau de pêche local. Quand une relation amoureuse intense surgit entre eux, ils se retrouvent obligés d’affronter leur réalité et de briser leur solitude, en apprenant à faire confiance aux gens qui les entourent. Alors que les vagues frappent la baie, leur force et leur indépendance deviennent inébranlables face à la marée.


Critique :

Vissé sur l'idée très cartésienne du "ce qui doit arriver, arrivera", #LosFuertes se fait une romance volontairement simpliste qui n'a que pour seule vocation que de joliment transmettre le naturel d'une rencontre entre deux âmes et deux corps, et leur quête délicate d'osmose. pic.twitter.com/YnOt5Dns2Q

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 5, 2022

Il y a un joli travail sur la subtilité opéré au coeur du premier long-métrage d'Omar Zúñiga Hidalgo, Los Fuertes, vrai film de sensations doux et intimiste qui peut se voir autant comme une belle lettre d'amour aux bouillonnantes terres chiliennes, qu'une délicate romance entre deux hommes de la classe ouvrière, aux parcours sensiblement différents.
Prenant volontairement son temps - comme la vie -, jamais tronqué par une sur-explication de ce qu'il narre à l'écran, Hidalgo (qui a ici la double casquette réalisateur/scénariste) joue totalement la carte de la simplicité pour mieux happer son spectateur au coeur d'une histoire qui n'a que pour seule vocation où presque, que de transmettre le naturel d'une rencontre des âmes et des corps, de l'apprivoisement progressive à la quête d'un équilibre entre l'intensité de l'un et la subtilité de l'autre, et comment tout peut ou non se compléter dans une osmose délicate.
Vissé sur l'idée très cartésienne du " ce qui doit arriver, arrivera ", le cinéaste fait le pari d'une narration fluide, sans ruptures brusques mais où chaque détail à son importance, même si on pourra décemment lui reprocher - et à raison -, de ne pas avoir de véritables enjeux/rebondissements dramatiques venant titiller la linéarité de sa narration, et encore moins la quiétude d'un cadre étonnamment apaisé.

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En sondant la dissonance qui peut exister entre le désir d'appartance à un lieu (une idée renforcée par ces magnifiques paysages de forts militaires chiliens installés dans la région, qui ont servis de cadres imperturbables et pittoresques lors de la quête d'indépendance du Chili) et celle d'appartenir à l'autre, deux passions distinctes aussi complémentaires qu'elles peuvent être antagonistes dans la manière qu'elles ont de façonnés la vision de la vie (ici une âme viscéralement rattaché à sa terre - un pêcheur - face à une autre qui a pour projet de s'en éloigner - un architecte - et d'épouser plus de liberté ailleurs); Los Fuertes explore le combat de chacun à vaincre la solitude mais aussi les craintes et appréhensions qui nous habite, pour mieux se laisser enivrer par l'amour.
C'est simple certes, trop peut-être sans doute, mais il est difficile pourtant de ne pas se laisser charmer par la délicatesse et le naturel avec lesquels Omar Zúñiga Hidalgo traite son histoire, son atmosphère délicate mais aussi et surtout ses personnages, à l'écriture dénués de tout stéréotype facile (sauf peut-être le trope, férocement dispensable, de l'ex-petit ami jaloux qui n'apporte strictement rien au final).
Une jolie découverte.
Jonathan Chevrier