[CRITIQUE] : Vanille

[CRITIQUE] : VanilleRéalisateur/trices : Guillaume Lorin, Yawen Zheng et Julie Daravan Chea
Avec : -
Budget : -
Distributeur : GEBEKA Films
Genre : Animation
Nationalité : Français
Durée : 0h43min
Synopsis :
"Vanille" (31') est précédé des courts-métrages : "Kiko et les animaux" (7’30’’) et "Ton français est parfait" (4’12’’)
Petite parisienne fraîchement débarquée pour les vacances en Guadeloupe, île d’origine de sa maman, Vanille plonge dans une aventure teintée de mystère, à la rencontre de personnages pittoresques et d’une fleur magique. Voilà des vacances qui promettent d’être riches en rebondissements !
Critique :

Nous emmenant aux confins de la jungle, de la campagne ou de l’école, le programme de courts-métrages d'animation #Vanille montre, par sa variété de ton, d’animation et de récit, toute la force de la différence en seulement quarante-trois minutes. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/cNlfPY6A90

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 1, 2022

Bonne nouvelle ! Après En attendant la neige, GEBEKA Films nous propose un nouveau programme de courts métrages d’animation à destination des plus jeunes. Vanille présente trois petits films analysant avec finesse et humour la différence pour s’accepter tel que l’on est et respecter les autres.

[CRITIQUE] : Vanille

Kiko et les animaux - Copyright GEBEKA Films


Trois cinéastes abordent ces questionnements dans trois films différents et colorés. C’est Kiko et les animaux qui ouvre la marche, court métrage de six minutes réalisé par Yawen Zheng, dans le cadre de la Résidence d’artistes qu’organise le studio Folimage à Valence chaque année. La réalisatrice chinoise est venue créer son film, dont l’histoire a ensuite été adaptée en livre pour enfant par Céline Claire, aux éditions Bayard. Kiko est un enfant mais tyrannise les animaux de sa ferme. La réalisatrice montre un cadre de paix bafoué par un monstre énorme, qui se trouve être le minuscule Kiko, jeune enfant turbulent. Le film joue intelligemment sur les perspectives pour nous faire comprendre à quel point l’enfant ne respecte pas la nature et les animaux. De leur point de vue, Kiko est une sorte d’ogre sanguinaire. Du point de vue de l’enfant, les animaux sont minuscules et sans défenses. La confrontation de ces points de vue forme une animation dynamique et permet une mise en scène astucieuse, où un champ/contre-champ se transforme en un seul plan où la perspective change la grandeur des personnages. Kiko et les animaux est une ode à la bienveillance et prône le respect de chaque élément de la nature pour former une belle unité où chacun à sa place.

[CRITIQUE] : Vanille

Ton français est parfait - Copyright GEBEKA Films


Vient ensuite le film de la réalisatrice Julie Daravan Chea, Ton français est parfait. Le court métrage de quatre minutes nous fait quitter la campagne pour s’installer dans un univers urbain hostile. Le film débute dans un bureau d’administration, où Aline et sa mère, d’origine cambodgienne, ont du mal à comprendre le dossier qu’elles doivent remplir. Nous comprenons vite que la petite Aline a honte de sa mère et de son français approximatif. Au lieu de l’aider, elle se terre dans son ressentiment et rejette à la fois sa mère et ses origines. La cinéaste nous montre ensuite la provenance de ces sentiments intenses, qui prennent lieu à l’école où des petits camarades s’amusent à se moquer de sa différence. L’hostilité extérieure n’est jamais personnifiée dans la mise en scène. Ce sont des voix sans visages, une haine sans prénom. Les visages surviennent quand sa mère répond aux insultes pour protéger sa fille. Le regard d’Aline change alors et transforme sa mère en véritable héroïne. La lumière s’éclaircit et Aline assume enfin sa différence et celle de sa mère.

[CRITIQUE] : Vanille

Vanille - Copyright GEBEKA Films


Vanille, titre éponyme au programme, vient clôturer la séance. Réalisé par Guillaume Lorin, le court métrage nous fait voyager entre Paris et la Guadeloupe. Vanille est orpheline de mère et n’a jamais revu sa famille guadeloupéenne depuis sa mort. Son père décide de l’envoyer chez sa tante pendant les vacances, mais celle-ci n’est pas d’accord. Le réalisateur nous donne beaucoup d’informations dès le début du film. Vanille est métisse et déteste ses cheveux. Elle tente de cacher sa coupe afro (que l’on voit brièvement sur une photo) grâce à un lisseur, qu’elle passe sans ménagement sur sa chevelure. Son voyage en Guadeloupe aura plusieurs aspects : celui des retrouvailles avec une partie de sa famille, de ses origines et surtout celui d'accepter son apparence. Pour cela, le récit déploie un univers folklorique guadeloupéen autour de la légende du soucougnan qui vient voler la nuit les cheveux des femmes du village. Vanille glisse progressivement vers le récit initiatique, où le personnage doit partir à l’aventure pour sauver sa tante et les femmes du village afin de se réapproprier son image et son identité. Le film mélange des images réelles avec l’animation pour rendre compte de la beauté de l’île et forme une belle métaphore sur ce qui se passe à l’intérieur du personnage. C’est en unifiant les deux parties d’elle-même que Vanille peut trouver la paix intérieure, de même que le récit trouve son équilibre entre tradition créole et comédie familiale.
Nous emmenant aux confins de la jungle, de la campagne ou de l’école, le programme Vanille montre, par sa variété de ton, d’animation et de récit, toute la force de la différence en seulement quarante-trois minutes.
Laura Enjolvy
[CRITIQUE] : Vanille