[CRITIQUE] : Les Leçons Persanes

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Vadim Perelman
Acteurs : Nahuel Perez Biscayart, Lars Eidinger, Jonas Nay,...
Budget : -
Distributeur : KMBO
Genre : Drame, Historique, Guerre.
Nationalité : Russe, Allemand, Biélorusse.
Durée : 2h07min.
Synopsis :
1942, dans la France occupée, Gilles est arrêté pour être déporté dans un camp en Allemagne. Juste avant de se faire fusiller, il échappe à la mort en jurant aux soldats qu'il n’est pas juif mais persan. Ce mensonge le sauve momentanément puisque l’un des chefs du camp souhaite apprendre le farsi pour ses projets d’après-guerre. Au risque de se faire prendre, Gilles invente une langue chaque nuit, pour l'enseigner au capitaine SS le lendemain. La relation particulière qui se crée entre les deux hommes ne tarde pas à éveiller la jalousie et les soupçons des autres...


Critique :

Articulé sur la notion de valeur de la mémoire et de l'instinct de survie, même s'il laisse volontairement de côté la suffisance fasciste des nazis autant qu'il banalise presque les horreurs de l'Holocauste, #LesLeçonsPersanes divertit à défaut de totalement prendre aux tripes. pic.twitter.com/wkCOIxz46u

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 19, 2022

Le septième art, tout autant que la littérature, nous a appris au fil du temps qu'il y a parfois des histoires tellement puissantes et insensées, qu'elles ne demandent qu'à être racontées et être partagées au plus grand auditoire possible.
Et celle qui sert de liant à Les Leçons Persanes de Vadim Perelman, tirée de la nouvelle Erfindung Einer Sprache (Invention d’une langue) de Wolfgang Kohlhaase et estampillée vraie (puisque inspirée de plusieures histoires similaires ayant réellement eu lieu), en fait décemment partie.
Au coeur de la Seconde Guerre mondiale, le déporté Gilles échappe à sa dernière heure par la force d'un coup de chance - si on peut dire - et un instinct de survie plus développé que la moyenne.
Grâce à un livre qu'on lui a donné quelques minutes auparavant, il nie être juif et se fait passer pour un persan, ce qui lui " sauve " la vie mais l'oblige à devoir donner chaque jour, des cours de farsi à l'un des commandants du camp.
Le hic, c'est qu'il ne parle absolument pas la langue.

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Pour éviter de connaître un triste sort et le sa supercherie soit révélée, il invente et apprend chaque nuit une langue imaginaire, qu'il enseigne le lendemain à son bourreau, avec qui il tisse un lien profond, un bras de fer toujours à la limite de la tromperie : d'un côté, un homme qui vit dans la terreur d'être démasqué et tué sur le coup, et de l'autre, un homme toujours titillé par le soupçon latent d'avoir été trompé...
Haletant et original, tant il arrive à nous conter une nouvelle petite mais palpitante histoire au coeur de la grande - et tragique - Histoire, le cinquième effort de Perelman séduit plus sur le fond, avec sa narration scrutant la vie à l'intérieur d'un camp (des deux côtés cette fois, allemand et déportés, quitte à parfois se perdre dans des sous-intrigues inutiles) et son bras de fer intime et absurde entre ses deux protagonistes principaux (excellent tandem Nahuel Pérez Biscayart/Lars Eidinger), que sur la forme.
La faute à une mise en scène furieusement conventionnel, qui ne donne pas assez de corps à son récit même s'il parvient à rendre plausible sa tension et à le rendre un minimum vivant (qui aurait sans doute mérité à un poil plus lorgner vers le thriller).
Articulé sur la notion de valeur de la mémoire (celle que l'on préserve et ici, celle qui nous aide à survivre) et de l'instinct de survie, même s'il laisse volontairement de côté la suffisance fasciste des nazis autant qu'il banalise presque les horreurs de l'Holocauste, Les Leçons Persanes divertit à défaut de totalement prendre aux tripes, et ne rend pas totalement justice à une histoire incroyable.
Jonathan Chevrier