[CRITIQUE] : Swan Song

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Benjamin Cleary
Avec : Mahershala Ali, Naomie Harris, Glenn Close, Awkwafina,...
Distributeur : Apple TV + France
Genre : Drame, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h52min
Synopsis :
Dans un avenir proche. Jusqu'où un homme est prêt à faire des sacrifices pour rendre la vie plus agréable aux gens qu'il aime ?


Critique :

Abordant justement les questions d'identité, d'amour et de deuil au sein d'un récit dense louant autant qu'il critique les avancées technologiques,#SwanSong, qui n'hésite pas à (trop) tirer sur la corde sensible, se fait l'exploration intime d'une âme affrontant la fin de sa vie. pic.twitter.com/73QjQ0kV2c

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 18, 2021

Selon Elisabeth Kübler-Ross, les cinq étapes pour affronter l'inéluctabilité de la mort - et par extension, du deuil - sont le déni, la colère, le marchandage, puis lorsque celui-ci dévoile sa futilité, la dépression et enfin l'acceptation.
Le bien nommé Swan Song (qui prend tout son sens dès la lecture de son pitch) du scénariste et réalisateur Benjamin Cleary - dont c'est le premier long-métrage -, flanqué dans un avenir dystopique pas si éloigné du notre, suggère cependant qu'il y a une alternative pour tromper la mort et ce, dès la fameuse troisième étape dite du " marchandage ", prenant les contours d'un élément de négociation colossal : le clonage et la duplication (quasi) parfaite de soi et de ses souvenirs.
Soit le dilemme existentiel auquel est confronté Cameron, qui se sait condamné par la maladie et la douleur de devoir abandonné sa famille et la femme qu'il aime plus que tout, Poppy, qui ne savent absolument rien de son état de santé.
Et si la plus grande expression possible de son amour pour elle, dépendait finalement d'un mensonge si énorme qu'il ne pourrait presque jamais se le pardonner ?
Comme dit plus haut, une nouvelle technologie à l'initiative du Dr Scott, lui donne la possibilité de la sauver elle et leur fils Cory d'une perte dévastatrice, mais elle ne peut être viable que s'il ne le dit à personne qu'il en est l'un des cobayes.

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En effet, il existe un laboratoire - Arra House et caché dans les bois - qui peut créer un nouveau lui en bonne santé, un Cameron 2.0 (appelé Jack pendant les étapes finales de son développement) avec tous ses souvenirs (un doppelgänger dont on ne peut distinguer, pas même lui-même puisqu'il héritera également sa conscience, qu'il n'est qu'une copie), qui peut prendre sa place pendant que lui meurt certes seul, mais paisiblement.
Toute la question est alors de savoir s'il sera capable d'échanger l'importance cruciale de ses derniers jours avec sa famille, contre le fait de pouvoir leur épargner leur chagrin et la douleur insondable de sa perte, d'autant que Poppy a déjà perdu un être cher, et se trouve également enceinte...
Abordant assez justement (même s'il laisse parfois un vrai sentiment de frustration) les questions d'identité, d'intégrité, d'amour et de deuil au sein d'un récit dense et complexe louant autant qu'il fustige les avancées technologiques, la péloche, qui n'hésite jamais à (trop) tirer sur la corde sensible pour faire pleurer dans les chaumières, se fait l'exploration intime d'un homme qui affronte frontalement la fin de sa vie, un " chant du cygne " s'il n'est symbolique et tragique, est férocement définitionnelle de qui il est réellement et de ce dont il est capable pour les siens.
Intriguant et dominé par la performance nuancée et tout en retenue de Mahershala Ali, Swan Song est un drame SF doux-amer et sincère sur la mort et le dilemme moral face au fait de moins en moind fantaisiste, de vouloir jouer à Dieu avec le cycle de la vie humaine.
Jonathan Chevrier