[CRITIQUE] : Un endroit comme les autres

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Uberto Pasolini
Acteur : James Norton, Daniel Lamont, Eileen O'Higgins,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Britannique, Italien, Polonais.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Lorsque John découvre qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre, il décide de partir, en compagnie de son fils de trois ans, à la recherche d’une nouvelle famille pour prendre soin de lui.


Critique :

Portrait complexe et déchirant de la paternité confrontée à la mort, #UnEndroitCommeUnAutre est une merveille de drame digne et bienveillant qui évite habilement tous les écueils du genre, pour mieux nous frapper en plein coeur. Le tandem Norton/Lamont est déchirant de naturel. pic.twitter.com/QGIi0fQjg9

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 8, 2021

Sans être - facilement- méprisant, force est d'admettre que la prémisse qui sert d'assise narrative et émotionnelle au nouveau long-métrage du brillant Uberto Pasolini (Une Belle Fin), Un endroit comme les autres, a tout d'un mélodrame télévisé cherchant à tirer avec une pioche, toutes les larmes de son potentiel auditoire - et la mention " inspiré d'une histoire vraie n'est pas là pour l'aider non plus.
Et pourtant, force est d'admettre que ce tendre et bouleversant petit moment de cinéma, aussi juste qu'il est d'une modestie admirable, Pasolini dépouillant habilement son sujet tragique (John est un père qui se sait condamné par la maladie et à qui il ne reste que quelques mois à vivre, décide de partir à la recherche de la famille parfaite pour recueillir et adopter son jeune fils de quatre ans, Michael, conscient qu'il va bientôt être abandonné même si son père se refuse à lui avouer), pour mieux dévoiler l'humanité sans fard de ses personnages.

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D'une simplicité et d'une pudeur élégante (la maladie du héros, John, n'est pas explicitement mentionnée, même s'il est sous-entendu qu'il ait une tumeur au cerveau), jamais plombé par une guérison miraculeuse ou un ultime acte provocateur inversant l'inéluctabilité écrasante de la mortalité; le récit de Pasolini résiste aux excès baroques et larmoyants du genre pour mieux privilégier une épure et une distance incroyable, un réalisme totalement vissé sur l'essentiel : la relation père-fils en son coeur (et non la maladie, ni même la notion d'une lutte des classes très Loachienne), et les émotions primitives de ses performances dynamiques et habités (James Norton est absolument formidable de retenue, en père lessivé mais tendre, qui profite du moindre instant avec son fils tant qu'il est encore vivant, là où le jeune Daniel Lamont est d'un naturel ravageur).
Chaque rencontre que fait le tandem s'appuie sur la précédente, renforçant John autant dans son indécision (furieusement empathique) que son incapacité à pleinement accepté sa propre mortalité, la catharsis n'étant pas de savoir si John choisira ou non les futurs bons parents de son fils, mais s'il sera capable de faire face à l'abandon de celui-ci au moment où il ne pourra plus faire autrement (ce qui arrive, lors d'un dialogue tendre et calme entre les deux, sans doute l'une des scènes les plus douloureusement vraie de récente mémoire).
Portrait complexe et déchirant de la paternité confrontée à la mort, Un endroit comme un autre est une merveille de drame digne et bienveillant qui évite habilement tous les écueils du genre, pour mieux nous frapper en plein coeur.
Jonathan Chevrier