Dernier domicile connu

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Coin de Mire Cinéma pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Dernier domicile connu » de José Giovanni.

« Il n’y a rien de plus voyant qu’un cadavre »

Marceau, policier efficace et rude, ne connaît que son métier. Commissaire adjoint à la brigade criminelle de Paris, il est muté dans un commissariat de quartier suite à l’arrestation d’un chauffard ivre, fils d’un grand avocat. On lui assigne une jeune assistante, Jeanne, qui a résolu de se vouer au social et qui croit dans le but réformateur de la Police. Un jour Marceau et Jeanne sont chargés de retrouver un certain Martin dont le témoignage dans une affaire criminelle est primordial pour détruire l’alibi de l’accusé, un caïd de la place. Marceau a vite compris qu’on leur a confié là une tâche impossible…

« Dans le travail, méfiez-vous de l’enthousiasme ! »

Personnalité controversée, José Giovanni aura eu (au moins) deux vies: une première vie de criminel ayant flirté avec le grand banditisme - et, selon certains biographes, avec la collaboration - qui se terminera par une condamnation à la peine de mort pour avoir participer à un sordide assassinat crapuleux. Mais sa condamnation ayant été entre temps commuée en peine de prison, José Giovanni deviendra, à sa libération, une grande et respectable figure du roman policier français (popularisé notamment via la collection Série noire de Gallimard) puis du cinéma policier au sein duquel il officiera tour à tour comme scénariste (entre autre pour Jean-Pierre Melville, Jacques Deray et Henri Verneuil) et réalisateur. Entre 1967 et 2001, il réalisa une quinzaine de films, dont notamment « Deux hommes dans la ville » (1973) avec Jean Gabin et Alain Delon ou encore « Le ruffian » (1983) avec Lino Ventura et Claudia Cardinale.

« La légion d’honneur, on vous la file pour une chose et vous fusille ensuite pour cette même chose »

Pour son troisième long-métrage, José Giovanni adapte avec « Dernier domicile connu » (1970) le roman éponyme de l’américain Joseph Harrington paru dans la célèbre Série Noire. Transposant l’intrigue new-yorkaise dans le treizième arrondissement de Paris, celle-ci suit l’enquête menée par deux policiers à travers la capitale pour retrouver la trace d’un témoin-clé pouvant faire tomber un baron de la mafia. Telle l’aiguille dans une botte de foin, cette mission se révèlera d’autant plus difficile que ce dernier se sait aussi recherché par ses anciens employeurs, bien décidés à l’éliminer avant qu’il ne parle. A rebours des polars spectaculaires et musclés qui pullulent alors sur les écrans (« Bullit », « L’inspecteur Harry » ou « French connection » sortent à la même époque), Giovanni signe ici un polar « à l’ancienne » dans lequel le héros est davantage un détective tenace qu’un bagarreur patenté. Affublé d’une jeune policière débutante et idéaliste, le film s’emploiera à nous montrer avec beaucoup de réalisme leur travail quotidien de limiers - ou plutôt de fourmis - consistant en une série de tâches souvent fastidieuses (filatures, porte-à-porte, épluchage de registres...). Et si le danger guète toujours dans l’ombre (Michel Constantin, toujours remarquablement inquiétant en dépit d’un temps très limité à l’écran), le film s’interroge surtout, au travers du personnage-clé du témoin, sur la notion de justice et sur le bien-fondé des procédures judiciaires, plus promptes à servir ses intérêts propres qu’à protéger les plus vulnérables. Ce qui donne au film sa teinte particulièrement amère et mélancolique. En têtes d’affiche, Lino Ventura et Marlène Jobert forment un tandem improbable mais étrangement complémentaire. En prime, le film offre un témoignage sociologique du Paris de la fin des années 60 alors en pleines mutations (on aperçoit le chantier des Halles. Un polar tout à fait recommandable.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans une nouvelle restauration 4k à partir du négatif original par StudioCanal avec la participation de Coin de Mire Cinéma et du CNC. Il est proposé en version originale française (2.0).

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « Dernier domicile connu » se lancera directement. En prime, sont également proposées une présentation du film par Julien Comelli et une Interview exclusive de Zazie Giovanni.

Édité par Coin de Mire Cinéma, « Dernier domicile connu » est disponible depuis le 10 septembre 2021 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant  des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.

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