[FUCKING SERIES] : Cowboy Bebop saison 1 : Cowboy désincarné

[FUCKING SERIES] : Cowboy Bebop saison 1 : Cowboy désincarné
(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


Pour tous les bouffeurs d'animés japonais, Cowboy Bebop avait incarné un vrai choc télévisé dont les effluves so cool et imbibés à la pop culture, sont encore durablement gravés dans nos mémoire même deux décennies plus tard.
Sorte de mix furieux et stellaire entre le western rétro-futuriste, le space opera jazzy, le polar noir dynamique et même l'odyssée Bond-esque mélancolique imprégnée de blues, le show de Shn'ichirō Watanabe est un pur vertige folk, groovy et mature flanqué au coeur des aléas interplanétaires d’une équipe de chasseurs de prime, qui intime au spectateur de s'y perdre sans réserves, pour en épouser toute sa grandeur révolutionnaire.
Une dévotion qui lui a garanti un petit statut de culte raffiné (et non hystérique, comme énormément d'objets pop made in 90s), mais aussi le regard envieux d'une Netflix ayant dans l'idée d'en dégainer une adaptation live, avec tous les rouages de la formule purement Hollywoodienne que cela implique.

[FUCKING SERIES] : Cowboy Bebop saison 1 : Cowboy désincarné

Copyright GEOFFREY SHORT/NETFLIX


Avant même sa mise en ligne sur la plateforme, cette adaptation chapeautée par le tandem André Nemec/Jeff Pinkner partait avec un chargeur de M-16 vidé dans les deux jambes, et cela même si le fait de jouer au jeu déséquilibré et dangereux de la comparaison, est aussi stérile qu'injuste - même si inévitable.
L'attrait de l'anime, une véritable boîte de pandore laconique et mélancolique à la coolitude incroyable construite sur une base solide d'action shoot-em-up et d'humour pince-sans-rire, est le type de création qui ne peut que pleinement s'épanouir dans l'animation.
Vouloir ne reproduire ne serait-ce qu'une once de cette magie nécessite autant un budget conséquent qu'une galerie de talents à tous les niveaux (écriture, réalisation, casting,...), une réalité à laquelle ne peut jamais prétendre la série Netflix, même avec la présence impliquée du mesestimé et attachant John Cho en vedette.
Passé ce constat, il ne reste donc pas forcément grand chose de ce nouveau " Bebop ", une série d'action SF épisodique qui divertit un minimum, bardée d'effets visuels cheezy à la Doctor Who et dénué de toute subtilité narrative (que ce soit dans son humour - la valeur ajoutée de l'animé - poussif, dans ses émotions et même plus simplement, dans le cruel manque de profondeur de ses personnages), ici expurgé de tout sens politique et sociétal.

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Faisant un peu ce qu'ils veulent avec la mythologie originale (comme confronter Speigel et Vicious au coeur de la première saison, au détriment d'une pluie d'intrigues et de personnages essentiels) sans totalement s'en émanciper (histoire de ne pas perdre le peu de fans qui reste présent à l'appel), pour en reproduire un condensé hautement superficiel à la violence gratuite et souvent crasse (puisque jamais contextualisée), ou les enjeux dramatiques et les relations entre les personnages presque paraissent secondaires; ce Cowboy Bebop sauce Netflix manque férocement d'âme et d'ambitions, ne vaut que pour son interprétation impliquée (Cho évidemment, mais le trio qu'il forme avec Jet Black/Mustafa Shakir et Faye Valentine/Daniella Pineda, est d'une sincérité attachante), et quelques saillies esthétiques plutôt bien foutues.
Cela pèse maigre, très maigre
 dans la balance...
Jonathan Chevrier
[FUCKING SERIES] : Cowboy Bebop saison 1 : Cowboy désincarné