Illusions perdues

Illusions perduesLa comédie humaine

Le roman fleuve de Honoré de Balzac réputé inadaptable, pour preuve, beaucoup y ont pensé tous ont renoncé jusqu’à ce film de Xavier Giannoli qui met à mon sens un point final à ce défi tant son film est une merveille. Il restitue sans faute la France de la Restauration dans les décors et les costumes ; cependant pour rendre son film accessible, il offre des échanges dans la langue d’aujourd’hui. 2h30 d’un film en costume peut effrayer, j’avais ces mêmes doutes, mais de par son montage et son écriture, Giannoli maintient un rythme effréné de bout en bout tout en enchevêtrant diverses intrigues mêlant de nombreux personnages sans jamais perdre le fil de son récit et surtout sa cohérence. A ce qui est déjà un exploit, par un élégant tour de passe-passe, il dresse un pont entre le monde balzacien et aujourd’hui dans sa critique des medias et des élites. Son récit est ambitieux et flamboyant, comme l’époque, et démontre bien qu’hier comme aujourd’hui le système finit toujours par briser celui qui a l’outrecuidance de vouloir le faire ployer. Le théâtre des faux semblants jalonnant le film, reflet de la nature humaine, est d’un cynisme faisant froid dans le dos. Et pour porter son film, le casting est d’une richesse de jeu incroyable avec Jeanne Balibar, Cécile de France, Gérard Depardieu, Xavier Dolan, Vincent Lacoste et Benjamin Voisin. Juste un seul bémol à ce film qui marquera malgré tout l’année cinématographique française, la voix off, surtout dans la première heure est omniprésente et est contrenature avec le cinéma destiné à montrer plutôt qu’à dire. Vu le défi d’une adaptation impossible à relever, soyons indulgent.

Sorti en 2021

Ma note: 18/20