[CRITIQUE/RESSORTIE] : Out of The Blue

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Dennis Hopper
Avec : Dennis Hopper, Linda Manz, Sharon Farrell, Raymond Burr,...
Distributeur : Potemkine Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain, Canadien.
Durée : 1h34min.
Date de sortie : 15 avril 1981
Date de reprise : 10 novembre 2021
Synopsis :
Garçon manqué, passionnée par les camions et la CB, Cindy vit seule avec sa mère toxicomane, après que son père alcoolique ait été emprisonné pour cinq ans après une collision avec un car de ramassage scolaire. Quand son père est libéré, la familel tente de reprndre une vie normale, mais les problèmes refont rapidement surface...


Critique :

Citant avec fureur le lyrisme angoissé de Nicholas Ray, #OutOfTheBlue est la dissection subversive et accomplie d'une famille US brisée, une oeuvre brute, nihiliste et éreintante par un Dennis Hopper qui n'a jamais eu peur de remettre en question les valeurs de sa propre nation. pic.twitter.com/6zuWzkYz13

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 13, 2021

Si Easy Rider détient une place telle dans la filmographie de feu Dennis Hopper, qu'il éclipse férocement toutes ses autres réalisations, impossible pourtant de ne pas reconnaître que le bonhomme avait un pendant cinéaste aussi talentueux que son pendant d'acteur.
Vendu par Hopper lui-même comme une suite de son premier effort (pas directe puisque aucun des personnages de Easy Rider n'est présent au sein de l'intrigue - ni sa fascination pour les bolides à deux roues -, mais plus spirituelle et stylistique dans son appartenance au mouvement punk), Out of The Blue - La Garçonne par chez nous - transpire la " Hopper's touch " de tous ses pores, une vision torride et furieusement pessimiste de l'Amérique, captant avec puissance et âpreté l'angoisse générationnelle d'une jeunesse décrochée du système et littéralement à la dérive.
Un portrait obsédant et déprimant des affres de la jeunesse, entre fragilité exacerbée et idéaux férocement défendus, dont le jusqu'au-boutisme viscérale (on commence le métrage et on le termine sur des scènes de mort violentes, et sa représentation de la toxicomanie et de la violence psychologique et émotionnelle, est d'une crudité folle) en fait l'un des plus édifiants et punk du cinéma américain des 70s/80s.

POTEMKINE FILMS


Mise en images déchaînée et tragique d'une famille brisée qu'il scrute avec affection, soulignant leur humanité même dans leurs comportements auto-destructeurs, ce troisième effort, concocté à une époque sombre de la carrière du cinéaste (tout simplement au sommet de son alcoolisme et de sa toxicomanie), est peut-être son film plus personnel, tant ses influences impactent son écriture et même la structure (chaotique, et c'est bel et bien ici une force) de sa narration (entre sauts de scènes attendues, et focalisation sur d'autres sensiblement sans intérêt).
Plongée radicale dans la spirale infernale d'une adolescente - superbe Linda Manz - au milieu d'adultes incapable d'agir comme tel et de reprendre en main leurs conditions, citant avec fureur le lyrisme angoissé de Nicholas Ray (Hopper laissant volontairement ses séquences traîner en longueur pour conserver intact toute l'intensité des performances de ces comédiens, la sienne en tête, incroyablement imbuvable en redneck alcoolique abusant de sa femme); Out of The Blue est une dissection subversive et accomplie de l'American Way of Life fracturée, une oeuvre profondément brute, nihiliste et éreintante par un cinéaste qui n'a jamais eu peur de remettre en question les valeurs de sa propre nation.
Sa redécouverte est juste essentielle.
Jonathan Chevrier