[CRITIQUE] : Red Notice

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Rawson Marshall Thurber
Avec : Dwayne Johnson, Ryan Reynolds, Gal Gadot, Ritu Arya,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Policier, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min
Synopsis :
Lorsqu’Interpol déclenche une Alerte Rouge – destinée à traquer et capturer les criminels les plus recherchés au monde –, le FBI fait appel à son meilleur profiler, John Hartley. Il sillonne la planète jusqu’au jour où il se retrouve embarqué dans un braquage spectaculaire et contraint de s’associer au plus grand voleur d’œuvres d’art au monde Nolan Booth pour… arrêter la voleuse d’œuvres d’art la plus recherchée au monde, « le Fou ».


Critique :

Constamment le cul coincé entre la comédie d'aventures aux décors interchangeables et le buddy movie à 3 têtes façon partenariat forcé croulant sous le poids d'une écriture insipide, #RedNotice n'est même pas sauvé par son trio cabotineur ni son action boursouflée aux fonds vert. pic.twitter.com/OPNvn9a6oa

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 12, 2021

C'était l'histoire d'un naufrage annoncé avec tellement d'assurance, que même le visionnage le plus enthousiaste du monde (d'autant plus à une époque où la pandémie nous a longtemps privé des salles obscures), ne pouvait empêcher l'inéluctable.
Red Notice de Rawson Marshall Thurber, dont le titre convoque le plus haut niveau de mandat d'arrêt émis par Interpol (la seule chose que nous apprendra vraiment le film) est pleinement le genre blockbuster bruyant et globe-trotter bâti sur presque rien, qui aurait fait le bonheur des grosses majors il y a une - voire deux - décennie.
Ce qu'il était au départ d'ailleurs en 2018, un projet estampillé Universal Pictures basé sur la force - depuis discutée - du pouvoir bankable de Dwayne Johnson, que la firme va gentiment bazarder à Netflix un an plus tard (en grande partie pour des raisons férocement spéculatives : le flop conséquent de Skyscraper, porté par le tandem Thurber/Johnson), pour la coquette somme de 160 millions de dollars.

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Un autre monde, celui d'une industrie qui n'avait pas encore été frappée de plein fouet par la pandémie...
Mais revenons-en à nos moutons ou plutôt au Brahma Bull (les fans des plus belles heures de la WWF/WWE comprendront), et à cette resucée d'Indiana Jones, de Da Vinci Code (un mauvais exemple qui prend tout son sens ici) et de Benjamin Gates, ou l'on suit les aléas de l'agent du FBI Johnson Hartley (Johnson) qui, contraint de s'associer du voleur sarcastique Nolan Booth (Reynolds), sillonne la planète pour arrêter la voleuse d’œuvres d’art la plus recherchée au monde, « le Fou » (Gadot), bien décidée à mettre la main sur les trois oeufs d'or que le général romain Marc Antoine a offert il y a 2000 ans, à la reine égyptienne Cléopâtre... voilà.
Constamment le popotin coincé entre la comédie d'aventure aux décors interchangeables, et le buddy movie à trois têtes, partenariat improbable et forcé qui croule sous le poids d'une écriture bardée de dialogues épouvantablement insipides (la faute impardonnable pour le sous-genre cher à Shane Black), Red Notice assume tout du long son statut de blockbuster prétexte pour construire une franchise sur le dos de séquences d'action plus ou moins bien emballées - quand elles ne sont pas boursouflées aux CGI.

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Dégainant avec lourdeur - et à la limite du blasphématoire - un recueil conséquent de références cinématographiques pour assembler à la louche les différents éléments/rebondissements de l'intrigue (entre autres The Third Man, Gladiator, Reservoir Dogs, Raiders of the Lost Ark, True Lies,...), véritable aveu de faillite cinématographique ou chaque référence rappelle aux spectateurs avertis ce que ce film n'est pas et ne sera jamais; le nouvel effort de Thurber, depourvu d'envie et d'imagination derrière la caméra (bien aidé par un Markus Förderer qui n'utilise jamais à bon escient le format grand écran, accumulant les angles de caméra déroutants et littéralement à côté de la plaque dans les affrontements), réussit même la prouesse de rendre indiscernable le moindre de ces nombreux cadres (Rome, Russie, Londres, Égypte,...).
Avec un bagage humoristique pourtant éprouvé - Dodgeball et We’re the Millers -, et avec Ryan Reynolds et Dwayne Johnson, la verve comique du film aurait dû méchamment envoyer du petit bois mais même là encore, tout tombe à plat.
Reynolds tombe à nouveau dans le piège de son personnage sarcastique familier, là où Johnson et - surtout - Gadot peinent à être de bons partenaires pour ses pitreries improvisées.

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Sur un tout petit peu moins de deux heures qui en paraissent le double, jamais le scénario fantomatique et sans enjeux ni les comédiens (qui semblent s'éclater à défaut de nous éclater), ne cherche à fournir un tant soit peu de liant pour que l'on se soucie de l'intrigue et des personnages (ah ses sempiternels hommes aux relations paternels compliquées...).
Qu'importe au fond s'ils récupèrent in fine les trois œufs, la survie du monde - pas même les leurs au fond - n'est mise en jeu dans la balance, aucun gouvernement ne semble s'en soucier, personne n'est frappé par une seule seconde par un sentiment de danger.
Tout Red Notice semble incarne un préambule incohérent et mal croqué (ou chaque sursaut scénaristique, au-delà de l'invraisemblance, ne sort totalement l'intrigue de sa léthargie générale), une rampe de lancement ampoulée - et même pas digne d'une bisserie de luxe sincère - pour une wannabe franchise misant sur le capital sympathie/populaire de son trio vedette mal assortis : vous pouvez avoir The Rock, Wonder Woman et Deadpool, mais cela ne signifie pas grand-chose s'ils n'ont pas de choses intelligentes à dire et des choses significatives à faire.
On a déjà connu des mauvaises blagues aussi coûteuses et décevantes, mais pas beaucoup...
Jonathan Chevrier