[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #148. Semaine du 24 au 30 octobre

Par Fuckcinephiles

Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.


Semaine du 24 Octobre au 30 Octobre.

Lundi 25 Octobre. Maurice de James Ivory sur Arte.
Début du XXe siècle. Maurice, un jeune bourgeois londonien, intelligent et sensible, se lie d’une tendre amitié avec un de ses condisciples, Clive. Des sentiments qui se transforment peu à peu en amour, mais dans la société victorienne, l’homosexualité, considérée comme pêché, est passible de prison. Afin de pouvoir assumer sa différence et s’épanouir enfin, Maurice devra affronter de nombreux tourments.
30 ans avant Call Me By Your Name, James Ivory esquisse, déjà, la passion masculine, l’étincelle du sentiment, l’amour qui bouffe, qui heurte, qui disparaît. Cependant, Maurice se fracasse dans la rigidité d’une société anglaise réprimant la notion même de plaisir. Car si l’oeuvre évoque l’éveil affectif et sexuel, il plonge surtout nos personnages dans une quête, douloureuse, d’eux-mêmes. Plus le récit avance, plus les années s’égrainent et avec elles de nouvelles interrogations. Se soigner ? Se délivrer de ce poids qui exclut des autres ? Rentrer dans le rang ? Mais, une seule question demeurera jusqu’au bout : Qui suis-je ? Maurice cherche sa place dans un microcosme englué dans la notion de castes. C’est en cela que le parcours de notre protagoniste bouleverse; il doit pour être heureux s’assumer en reniant pour cela tout ce qu’il lui a été inculqué, s’émanciper du jugement pour finalement se perdre dans l’amour, l’irrationnel, le passionnel, l’indispensable.
Mais aussi...TF1 programme Asterix et Obelix : Mission Cleopatre d’Alain Chabat. Si l’ex-Nuls s’empare de l’oeuvre de Goscinny et Uderzo avec un certain respect, il la pare de ses propres obsessions comiques. En résulte un volet atypique, tant il parvient a rendre l’ambiance propre à un album d’Asterix tout en apparaissant comme l’oeuvre de son auteur. En références pop et multiples gags fantasques pour ne pas dire absurde, ce Mission Cleopatre est un plaisir de chaque instant. Tout cela sans oublier de donner une belle ampleur visuelle au récit.


Mardi 26 Octobre. Le Mans 66 de James Mangold sur France2.
Une équipe d'excentriques ingénieurs américains menés par le visionnaire Carroll Shelby et son pilote britannique Ken Miles, qui sont envoyés par Henry Ford II pour construire à partir de rien une nouvelle automobile qui doit détrôner la Ferrari à la compétition du Mans de 1966.
Il y a dans Le Mans 66 tout un cinéma de plus en plus rare. Cette sorte de classicisme hollywoodien qui vient déployer une œuvre aussi ample que sensorielle, immédiatement emballante et pourtant d’une belle épaisseur. En effet, la carlingue est impeccablement brillante, James Mangold rythme son récit pour offrir des scènes vrombissantes qui scotche au fond de son canapé. Mais derriere tout cela, il se joue autre chose, Le Mans 66 est presque meta tant les bagnoles est métaphore du cinéma. Art et industrie. Voilà bien le sujet du film. Comme créer dans cette friction permanente, il faut pour le cinéaste zigzaguer entre la rentabilité, les comités, le conformisme pour tenter de jouer du systéme. La fin est un brin plus amére, mais peut-être plus réaliste aussi sur l’état de notre cinéma actuel.


Jeudi 28 Octobre. Gremlins de Joe Dante sur TF1SeriesFilms.

Rand Peltzer offre à son fils Billy un étrange animal : un mogwai. Son ancien propriétaire l’a bien mis en garde, il ne faut pas l’exposer à la lumière, lui éviter tout contact avec l’eau, et surtout, surtout ne jamais le nourrir après minuit au risque de…
Gremlins est un astucieux film familial, reprenant les codes des productions spielberienne tout en s’en dégageant suffisamment pour éviter la comparaison avec le maître. L’alchimiste que je suis dirait que Gremlins est un croisement entre E.T et Poltergeist. En effet, Joe Dante parvient de façon assez admirable à faire coexister un récit peuplé d’horreur, notamment lors des attaques des créatures, tout en s’autorisant un ton assez déluré. Dès lors, on embarque de gré ou de force dans le long-métrage grâce a son rythme effréné et ses références qui fera la joie de tout cinéphile. Si le plaisir est toujours intact 35 ans après c’est parce qu’il faut bien avouer que ce genre de cinéma cela ne se fait plus, ou en tout cas, plus avec autant d’amour.
Thibaut Ciavarella