[CRITIQUE] : À la vie

[CRITIQUE] : À la vie
Réalisatrice : Aude Pépin
Acteur : -
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h18min
Synopsis :
Chantal Birman, sage-femme libérale et féministe, a consacré sa vie à défendre le droit des femmes. À presque 70 ans, elle continue de se rendre auprès de celles qui viennent d’accoucher pour leur prodiguer soins et conseils. Entre instants douloureux et joies intenses, ses visites offrent une photographie rare de ce moment délicat qu’est le retour à la maison.

Critique :

#ÀLaVie se fait autant un bel hommage à toute une profession (qui ne masque pas non plus une peinture préoccupée de la périnalité en France et de la gestion insensible du post-partum) qu'un portrait de femme sobre et plein d'espoir, sur une voix mesurée, engagée et importante. pic.twitter.com/PUnRV1fr7O

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 23, 2021

Si l'arrivée au monde d'un bébé peut être la plus belle chose qui puisse exister, chaque naissance n'est pas fondamentalement " un heureux événement " comme le dit l'adage ou, tout du moins, un synonyme de bonheur inconditionnel tant un petit être fragile, peut chambouler d'une manière plus ou moins imposante autant le quotidien que le corps de la mère qui le met au monde.
Si l'on omet volontiers ces difficultés pourtant communes et universelles, tant chaque naissance à sa propre histoire - comme toute vie -, la réalisatrice Aude Pépin (dont c'est le premier long-métrage) en fait presque son leitmotiv avec son beau et nécessaire documentaire À la vie, ou elle lève le voile face à ces tabous tout en emboîtant le pas passionnant et passionné de Chantal Birman; une sage-femme libérale et féministe aussi engagée qu'elle est charismatique, et suit ses nombreuses visites à domicile chez des femmes qui viennent d'accoucher.

[CRITIQUE] : À la vie

Copyright Tandem


Loin d'un hôpital public ou l'humain est un facteur passant - volontairement ou non - au second plan, et où il est difficile de pouvoir donner toute l'attention nécessaire à une patiente en passe de donner la vie, Chantal Birman qui est à l'aube de la retraite (ce qui force d'autant plus le respect), prend le temps de conseiller, de soutenir, de rassurer face aux inquiétudes et même tout simplement d'être à l'écoute, d'incarner cette interlocutrice dont elles ont cruellement besoin dans leur désarroi et leur intense épuisement.
Courant au four et au moulin avec une bienveillance et une tendresse inébranlable, au coeur d'une banlieue de la Seine-Saint-Denis dans laquelle elle oeuvre depuis plus de quarante ans, la sage-femme dévoile au fil de ses patients et de ses discussions avec sa jeune stagiaire, une humanité bouleversante (elle cicatrise autant les corps que les âmes) mais également un militantisme affirmé, porté par une expérience qui ne fait que donner du poids et de la véracité à sa peinture préoccupée de la périnalité en France et de la gestion du post-partum (il y a plus de femmes qui se suicide après la naissance de leur bébé que de femmes qui meurent au cours de l'accouchement).
Un bel hommage à toute une profession autant qu'un portrait de femme sobre et plein d'espoir, sur une voix mesurée et importante qui appelle les femmes à continuer la lutte pour conserver les acquis sociaux durement gagnés, et de la nécessité disposer librement de leurs corps.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : À la vie