Police connection

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à BQHL Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Police connection » de Howard W. Koch.

« J’espère que tu es circoncit parce qu’à cet instant ta liberté tient à une question de centimètres ! »

Tenu responsable de la mort d’un dealer, l’inspecteur Eddie Ryan se retrouve relevé de ses fonctions le temps des investigations. Le jour où il apprend la mort atroce d’un ancien collègue et ami, son sang ne fait qu’un tour. Qu’importe sa suspension, il mène l’enquête selon ses propres méthodes, radicales et brutales. Ses recherches l’entraînent vers les bas-fonds de New York, entre maquereaux, prostituées, junkies et criminels ; une piste s’impose alors, de plus en plus évidente. Dangereusement évidente. Celle d’un réseau de trafiquants d’armes liés à un mouvement révolutionnaire…

« Je reste toujours un flic. Avec ou sans plaque. »

A l’image de l’ensemble de l’industrie cinématographique hollywoodienne, le cinéma policier américain connait de profondes évolutions au cours des années 60. En effet, s’il était jusqu’alors très marqué par les codes du film noir et du whodunit, il évolue rapidement, sous l’influence du Nouvel Hollywood naissant, vers des films plus sombres et plus brutaux, marqué par un souci constant de réalisme. En cela, l’abrogation du code de censure permet aux cinéastes de traiter explicitement des « vices » qui gangrènent alors les bas-fonds urbains et qu’il était jusqu’ici prohibé de montrer à l’écran (drogue, sexe, etc…). Surtout, c’est l’image même du policier au cinéma qui change : ces derniers n’étant plus présentés comme de braves détectives devant résoudre des enquêtes et faire respecter l’ordre, mais comme les derniers remparts entre le monde civilisé et les dérives d’une jeunesse décadente et d’une criminalité galopante. L’Amérique se trouve ainsi de nouveaux héros aux méthodes musclées et à la morale rigide : « L’inspecteur Harry », « Bullit » ou encore Popeye Doyle, l’enquêteur des stups héros du « French Connection ».

« Quelque fois c’est pas celui qui tient l’arme qui appuie sur la détente » 

Comme le « French connection » de Friedkin sorti l’année précédente (et auquel il doit sans doute son titre français très opportuniste), « Police connection » est inspiré des récits d’Eddie Egan, superflic de la police new-yorkaise (qui a réalisé pas moins de 8000 arrestations en quinze ans !) devenu de par ses exploits une figure médiatique populaire. Sur un scénario solide et particulièrement rythmée, on y suit ainsi la sanglante croisade menée par un flic zélé contre un réseau mafieux qui gangrène la ville de New York, qui donne lieu à un polar nerveux et violent (formidable scène de la poursuite du bus). Surtout, à l’instar de « French connection » et bien avant d’autres films (« The seven ups », « Serpico », « Les flics ne dorment pas la nuit »), le film impose ce nouvel archétype de personnage de policier borderline, zélé, cabossé, totalement dévoué (inféodé ?) à son travail et dont le comportement violent n’est qu’une réponse à une société devenue infiniment plus violente que lui. D’une remarquable densité, le film porte également en lui tous les maux qui rongent alors l’Amérique : la corruption généralisée au sein de ses pouvoirs publics,le racisme omniprésent à l’égard des minorités et, surtout, cette peur paranoïaque du péril rouge symbolisée ici par le projet mafieux d’infliger à l’Amérique un nouveau Cuba sur l’île de Porto Rico. Porté par un Robert Duvall habité et formidablement secondé (Verna Bloom notamment), « Police connection » est une pépite du genre qui mérite véritablement d’être redécouverte.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une Présentation du film par François Guérif, auteur, journaliste, éditeur, collections Rivage Noir et Rivage Thriller.

Édité par BQHL Éditions, « Police connection » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 15 juin 2021.

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