L'appel de la forêt

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’appel de la forêt » de Ken Annakin.

L_appel_de_la_forêt

« La cupidité pousse les gens à toutes sortes de folies »

Au XIXème siècle, alors que la Ruée vers l’Or bat son plein, les prospecteurs sont à la recherche de chiens de traîneaux. Volé à son maître, le chien Buck est vendu à un trafiquant de chiens. Avec courage, l’animal s’adapte aux grands froids de l’Alaska. Devenu la propriété de John Thornton, Buck doit s’imposer aux autres chiens de la meute. Ensemble, l’homme et l’animal vont affronter mille dangers.

« Si vous ne pensez pas à l’or, alors vous êtes la personne la plus censée de cette ville. Après moi ! »

L_appel_de_la_forêt_Charlton_Heston

Venu au cinéma au lendemain de la Seconde guerre mondiale (à laquelle il prit part au sein de la Royal air force) par le biais du documentaire, la carrière de Ken Annakin est souvent résumée, à tort, aux gros films de guerre hollywoodiens qu’il a pu réaliser au cours des années 60 : « La bataille des Ardennes » (1965) et, surtout, les scènes de la partie britannique du « Jour le plus long » (1962). Ce serait oublier qu’il fut, plus largement, l’un des grands noms du cinéma d’aventures des années 50 jusqu’aux années 70. Qu’il s’agisse de films « familiaux » (« Robin des bois et ses joyeux compagnons » et « La rose et l’épée » qu’il tourna pour Disney, ou encore « Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines ») ou des films pour un public plus adulte (« Les turbans rouges », « Le tigre de papier »). Pas étonnant dès lors de le voir s’attaquer en 1972 à l’adaptation de « L’appel de la forêt » de Jack London, monument ultime du roman d’aventures américain. Un roman déjà adapté trois fois par le passé à l’écran (notamment par William A. Wellman en 1935 avec Clark Gable en tête d’affiche) et qui n’a eu de cesse depuis d’inspirer les cinéastes (notamment Peter Svatek en 1977 et Chris Sanders en 2020).

« Ce chien a deux fois plus de valeur humaine que la plupart d’entre vous »

L_appel_de_la_forêt_Michele_Mercier

Prenant pour décor la ruée vers l’or de 1896 au Klondike, dans le grand nord canadien, « L’appel de la forêt » est bien plus qu’une aventure humaine : c’est une fable initiatique et quasi philosophique sur le retour à la nature – comprendre par-là à l’état sauvage – dans un univers inhospitalier et à l’écart de toute civilisation. Un retour à « la loi du plus fort » dans tout ce cela a de plus primaire, ramené à sa forme la plus simple : manger ou être mangé. Le tout vu à travers les yeux d’un chien domestique, arraché à son confort pour en faire un chien de traineau. On se souvient ainsi que le film de Wellman prenait de grandes libertés avec le roman original, qu’il tronquait allègrement pour se focaliser sur le personnage de John Thornton. Et accessoirement sur sa romance contrariée avec une jeune femme mal mariée. Un parti pris fort discutable mais qui profitait parfaitement la dimension romanesque du film. A l’inverse, Annakin se montre ici plus respectueux du récit de London, en mettant davantage en avant la dureté des éléments, la pénibilité de la vie dans le grand nord ou encore la violence des rapports entre pionniers. Mais aussi louable soit-elle, son approche semble desservir le film, qui semble constamment manquer du souffle épique nécessaire pour prendre son envol et nous emporter totalement. A l’image de la scène du pari dans laquelle le chien joue sa survie et qui parait ici assez sèche. La faute sans doute au manque de moyens de cette étrange coproduction européenne un peu fauchée, dont l’un des principal défaut réside dans son casting disparate et très inégal, duquel Charlton Heston semble être le seul à tirer son épingle du jeu. Une lecture très honnête, mais qui souffre un peu de la comparaison avec les autres versions.   

L_appel_de_la_forêt_Ken_Annakin

**

Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale anglaise (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Jack Demange, critique à la revue Positif.

Édité par Rimini Editions, « L’appel de la forêt » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 20 mai 2021.

La page Facebook de Rimini Editions est ici.