Le solitaire de Fort Humboldt

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le solitaire de Fort Humboldt » de Tom Gries.

« Quand un homme est déjà un tueur, un tricheur, un voleur et un lâche, il ne faut pas s’étonner qu’il soit en plus un menteur »

Arrêté pour tricherie à l’issu d’une partie de poker, John Deakin monte sous la garde du marshall Pearce dans un train en direction de Fort Humboldt. Tous à bord ignorent que Deakin n’est pas le hors-la-loi recherché qu’il semble être, mais un agent du gouvernement sur les traces de trafiquants d’armes. À lui de rester incognito aussi longtemps que possible en dépit des hauts risques d’un voyage qui pourrait être sans retour…

« Vos soldats sont mes prisonniers et je me suis juré de les saigner comme des porcs un par un »

Ancien collaborateur du producteur indépendant Stanley Kramer auprès duquel il exerça comme publiciste, Tom Gries part faire ses classes à la télévision au cours des années 50 et 60. Officiant tour à tour comme scénariste, producteur et réalisateur, il se fera ainsi la main en réalisant un nombre pléthorique d’épisodes de séries. Appartenant à la même génération de réalisateurs venus de la télévision que Sidney Lumet, John Frankenheimer ou encore Arthur Penn, Gries mettra néanmoins beaucoup plus de temps que ses confrères à s’imposer sur grand écran. La faute à plusieurs tentatives ratées (« Hell’s horizon » en 1955, « Girls in the woods » en 1958). C’est finalement Charlton Heston qui lance véritablement sa carrière au cinéma en acceptant de jouer dans son western « Will Penny le solitaire » (1968). Un film remarqué par la critique pour son approche réaliste qui lui donne alors un certain crédit à Hollywood. Malheureusement pour lui, Gries ne parviendra jamais vraiment à confirmer l’essai. En effet, décédé prématurément en 1977, sa filmographie se révèle assez inégale, partagée entre des westerns plutôt réussis (« Les cent fusils »), une poignée de drames assez académiques (« Le maitre des îles ») et des films d’action un peu mous (« L’évadé », « Le plus grand »).

« Vous n’êtes peut-être pas payé pour tuer. Mais n’oubliez pas qu’à la fin, c’est la corde qui vous attend. Comme nous tous. »

En cette décennie des seventies, alors qu’il a été largement supplanté par le transport aérien, le train semble inspirer les cinéastes qui lui donnent une place de choix dans leurs films : « L’empereur du nord » (Aldrich, 1973), « Le crime de l’Orient-Express » (Lumet, 1974), « Le pont de Cassandra » (Cosmatos, 1976) ou encore « La grande attaque du train d’or » (Crichton, 1979). « Le solitaire de Fort Humboldt » est ainsi une adaptation d’un roman d’Alistair MacLean, auteur prisé des studios dont les romans ont déjà donné lieu à des films comme « Les canons de Navarone » ou « Destination Zebra, station polaire ». La grande originalité du film réside ainsi dans son mélange des genres assez inédit. En effet, plus qu'un véritable western, le solitaire de Fort Humboldt est plus exactement un (quasi) huis-clos policier transposé dans un contexte de western. Une sorte de whodunit agathachristien en territoire indien. Et de fait, le scénario joue malicieusement sur les faux-semblants et sur l'ambiguïté des personnages qui, à de très rares exceptions, ne sont jamais ce qu'ils prétendent être. Ce qui donne lieu à une intrigue mouvementée, rythmée autant par les rebondissements scénaristiques que par des scènes d'action pleinement spectaculaires (notamment la chute d'un wagon dans le vide ou encore ce duel a mains nues sur le toit du train). Fort d'une mise en scène soignée et efficace, ainsi que d'un séduisant casting de vieux routiers hollywoodiens (Charles Bronson, Charles Durning, Ben Johnson, Richard Crenna), ce « Solitaire de Fort Humboldt » se révèle être un divertissement aussi original qu'efficace. L'un des derniers rôles un peu consistant de Charles Bronson avant qu'il ne s'enferme dans les rôles des flics brutaux et vengeurs. 

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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, et proposé en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné Présentations par Patrick Brion et Jean-François Giré et d’un documentaire.

Édité par Sidonis Calysta dans sa collection Silver, « Le solitaire de Fort Humboldt » est disponible en DVD ainsi qu’en combo blu-ray + DVD depuis le 19 août 2021.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.