[CRITIQUE] : Gaza mon amour

Par Fuckcinephiles

Réalisateurs : Arab et Tarzan Nasser
Acteurs : Hiam Abbass, Salim Daw, Maisa Abd Elhadi, George Iskandar,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Palestinien, Français, Allemand, Portugais, Qatarien.
Durée : 1h28min.
Synopsis : 
Issa, un pêcheur de soixante ans, est secrètement amoureux de Siham, une femme qui travaille comme couturière au marché. Il souhaite la demander en mariage. C'est alors qu'il découvre une statue antique du dieu Apollon dans son filet de pêche, qu’il décide de cacher chez lui.


Critique :

Détaché du contexte politique complexe de son pays sans pour autant le mettre de côté, #Gazamonamour est une merveille de comedie romantique et tragique qui développe une soif débordante de vie et d'espoir, tout en offrant une vision impartiale et intelligente du quotidien local. pic.twitter.com/kqrN8YypiM

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 7, 2021

Les seules images qui nous parviennent de Gaza, au travers de notre petit - et très rarement sur le grand - écran, sont des images de détresses et de tragédies humaines, rompues à une guerre (génocide, n'ayons pas peur des mots) qui semble sans fin et, surtout, sans la moindre réaction concrète d'une politique mondiale volontairement aveugle.
Forcément, quant un film palestien vient à débarquer dans une salle obscure, il ne peut ignorer ni la misère (pauvreté, emprisonnement à ciel ouvert, quotidien torturé par une violence sourde,...) et encore moins le désespoir de toute une nation.
Pourtant, même s'ils n'omettent strictement rien de tout cela, les frères cinéastes Arab et Tarzan Nasser préfèrent constamment transmettre un sentiment d'espoir au coeur de ce contexte difficile, avec leur formidable second long-métrage Gaza mon amour.

Copyright 2021 Alamodefilm


Parti d'une anecdote réelle (la découverte par un pêcheur palestinien, d'une statue grecque dans ses filets de pêche), pour mieux tisser une histoire tendre et fantastique (une histoire d'amour et d'espoir pour ce pêcheur fraîchement dans la soixantaine, dont la découverte lui apporte plus de problèmes que de satisfactions, malgré la prémonition de la sculpture), le film est frappé la volonté enchanteresse de dépasser toute partisanerie, pour ne faire que croire au bonheur sincère des êtres humains au sein d'une société déchirée mais prête à changer.
Plus qu'une histoire d'amour tendre évoluant dans des circonstances difficiles (un esprit Roméo et Juliette du troisième âge, évidemment férocement théâtrale et romanesque), nous faisons face à une quête sincère pour retrouver l'espoir aussi bien personnel et intime que social (jusque dans ses dilemmes moraux palpables et universels), embaumé par un humour solaire et profondément désarmant, qui prend même le temps de tacler/caricaturer avec panache les rouages administratifs de son pays - mais pas que -, ou même les choses les plus simples deviennent inextricablement compliquées.
Modeste et charmant, détaché du contexte politique complexe du pays sans pour autant l'oublier, Gaza mon amour développe une soif de vie et de vérité presque rebelle, et se fait la vision impartiale et intelligente du quotidien local, le tout dominé par la prestation incroyable du tandem Salim Daw/Hiam Abbass.

Copyright Les Films du Tambour


Mais le film n'est pas seulement un film important en raison de ce savoir subtilement véhiculé et de l'équilibre réussi entre tragédie, romance et comédie, il est le témoin vibrant d'une société qui, sans ce conflit inhumain qui la démembreme jour après jour, aurait pu s'émanciper depuis longtemps.
Une superbe expérience, rien de moins.
Jonathan Chevrier