[CRITIQUE] : Infinite

[CRITIQUE] : Infinite
Réalisateur : Antoine Fuqua
Acteurs : Mark Wahlberg, Chiwetel Ejiofor, Dylan O'Brien, Sophie Cookson, Toby Jones, Rupert Friend, Jason Mantzoukas,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Thriller, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
D'après l'ouvrage de D. Eric Maikranz, The Reincarnationist Papers.
Hanté par des souvenirs d'endroits inconnus, Evan McCauley rejoint un groupe secret de guerriers ressuscités : les Infinis. Il part en quête de réponses dans ses souvenirs qui sont la clé pour empêcher la destruction de l'humanité.

Critique :

Pur blockbuster SF générique et impersonnel aux relans super-héroïques, vissé sur une absence de vision à tous les niveaux - allant de l'absurde rigolo au salement embarassant -, #Infinite ne vit in fine que pour ses scènes d'action, toutes abracadabrantesques et interchangeables pic.twitter.com/aWQPTSzt9T

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 4, 2021

Hasard du calendrier - ou pas -, les deux derniers efforts d'Antoine Fuqua débarquent sur Netflix et Amazon Prime Vidéo en l'espace d'une poignée d'heures, et force est d'admettre qu'il est difficile de faire plus différents que ces deux propositions.
Si la première incarne un remake appliqué qui ne s'émancipe pourtant jamais de son oeuvre d'origine - The Guilty -, la seconde en revanche - Infinite -, est un gloubiboulga sans nom et foutraque, le cousin sévèrement teubé de tout ce que les blockbusters SF ont pu dégainer ses vingt dernières années... en pire.
Qu'on ne se méprenne pas, il y a une joie sincère et foncièrement régressif dans le fait de regarder Mark Wahlberg enfoncer une épée mystique - et à moto - dans l'aile d'un avion pour le faire tomber du ciel, mais c'est sans doute le seul plaisir qu'offre cette parodie involontaire d'Assassin's Creed, Matrix et même The Old Guard, symbole déprimant et cynique de ce que peut aveuglément produire Hollywood.

[CRITIQUE] : Infinite

Copyright Peter Mountain/Paramount+


Basé - et c'est un grand mot - sur le roman The Reincarnationist Papers de D. Eric Maikranz, avec une histoire alternant frénétiquement les bonds dans le temps entre les vies passées et présentes de son héros titre, incarnation vivante et amorphe des concepts d'immortel, d'énigme schizophrène et de chosen one (avec une société secrète tellement inconnue du grand public, qu'elle s'échine à le rester en basant ses actions sur des affrontements gargantuesques, remettant constamment en cause leur statut de société dite " secrète "); Infinite fait preuve d'une compréhension superficielle de ces deux thèmes charnières aux clins d'oeil bouddhistes - le cycle des réincarnations (ici conscientes et genrées) et la perpétuation de la mémoire des vies antérieures -, pour mieux épouser les contours d'un blockbuster SF générique et impersonnel aux relans super-héroïques, qui ne se paye même pas le luxe d'être un put*** de plaisir coupable.
Vissé sur une direction artistique faisandée construite sur les cadavres refroidis de la saga Underworld, et une absence de vision à tous les niveaux - allant de l'absurde rigolo au salement embarassant -, la péloche ne vit que pour ses scènes d'action abracadabrantesques et interchangeables, montées d'une manière si saccadée qu'elles feraient passer celles des derniers efforts de Michael Bay pour un modèle de légèreté.
C'est maigre, rachitique même, mais rien ne peut sauver ce naufrage, pas même Fuqua (à sa décharge, rares sont les réalisateurs capable de limiter la casse avec une histoire aussi catastrophique et sans substance, frappé par un sens aussi superficiel de sa propre univers et de sa mythologie, au demeurant accrocheuse), et encore moins ses comédiens - Wahlberg et Ejiofor en tête - aussi charismatiques qu'ils ne semblent continuellement patauger dans la semoule, et ne pas comprendre un traître mot de l'intrigue dans laquelle ils se perdent à l'unisson.

[CRITIQUE] : Infinite

Courtesy of Paramount Pictures


Point positif, le changement de stratégie de la Paramount, qui l'a zappé des salles pour en faire un outil d'harponnage de potentiels clients sur leur nouvelle plateforme maison Paramount +, n'a strictement rien affecté aux plans de gunfights au ralentis et boursouflés aux CGI, ou même à ceux captant le front perpétuellement plissé de Wahlberg : ils seront tout aussi génériques sur votre téléviseur domestique que sur grand écran dans une salle obscure.
C'est déjà ça comme on dit...
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Infinite