Une histoire d'amour et de désir

Par Dukefleed
Second film d'une réalisatrice inspirée

Un jeune français d’origine algérienne vivant en banlieue parisienne rencontre durant ses études de littérature comparée une jeune tunisienne. Bizarrement, c’est un choc des cultures entre ces deux-là, celui-ci va jusqu’à empêcher une vraie rencontre amoureuse. Lui est le rebeu qui fait des études mais est engoncé dans le costume étroit viril taillé pour les hommes de banlieue et ne connait que très peu la culture littéraire arabe. Elle, vient du bled mais n’est pas une bledarde, c’est une jeune femme émancipée et imprégnée de culture arabe. Ils ne partagent en fait que des origines et une religion ; mais dont ils font un usage radicalement différent. Et c’est là le seul point fort du film : montrer la diversité dans cette communauté que certains veulent nous présenter comme uniforme. Ces deux jeunes que tout devrait rapprocher sont en fait très éloignés. Ils se rencontrent autour de textes de l’âge d’or de la littérature arabe faisant l’éloge du plaisir et même du vin ; un véritable choc pour le jeune homme qui découvre un pan de sa culture qu’il ignorait totalement et remet en cause ses convictions profondes. En çà le film de Leyla Bouzid ouvre en grand les portes et les fenêtres d’une culture présentée trop souvent comme étriquée voire même par leurs acteurs eux-mêmes.

Après comme dans son premier film (« A peine j’ouvre les yeux »), la mise en place de son histoire est bien laborieuse et parfois trop scolaire. Toutes ces maladresses s’effacent le film avançant pour devenir intéressant dans sa seconde moitié et finir par exploiter enfin pleinement son sujet. Le film devient intelligent, son propos est intellectuellement de haut vol ; mais pour un film portant en son titre le mot de « désir », il perd de vue toute la sensualité que le thème imposait.

Leyla Bouzid trouve de vrais sujets de société profonds à traiter, mais elle pêche par académisme et une mise en place brouillonne comme elle l’avait fait dans son premier métrage.

Sorti en 2021

Ma note: 12/20