[CRITIQUE] : Mad God

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Phil Tippett
Acteurs : -
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Animation, Fantastique, Expérimental, Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h23min.
Synopsis :
Mad God est un film expérimental en stop-motion qui se déroule dans un monde Miltonesque de monstres, de scientifiques fous et de cochons de guerre. Conçu et réalisé par le légendaire artisan des effets visuels et de la stop-motion Phil Tippett, tous les décors, créatures et environnements de Mad God sont fabriqués à la main et tournés sur la scène du studio de Berkeley.


Critique :

Plongée au coeur d'un enfer anarchique où steampunk et chair s'enlacent pour ne plus former qu'un,#MadGod se fait autant la relique d'une stop-motion usée avec amour, qu'une oeuvre onirique et surréaliste qui a tout pour être le point de repère du genre pour les décennies à venir pic.twitter.com/MWzYYUXT4I

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 16, 2021

Que dire de plus que ce qui a déjà pu être dit, sur l'acharnement fou mais génial d'un artiste forcément talentueux, Phil Tippett (figure incontournable des effets spéciaux outre-Atlantique, de Star Wars à Robocop en passant par Willow), qui a dédicacé tout un pan de sa vie - 33 ans -, à concocté une épopée animée unique, un chef-d'oeuvre ultime qu'il n'a eu de cesse de modifier, bonifier avant de l'offrir à des spectateurs aussi impatients que curieux.
Si on oubliera volontiers son passage derrière la caméra d'une suite indésirée - Starship Troopers 2 -, impossible en revanche, de ne pas faire de son Mad God, une expérience aussi singulière que mémorable, trois décennies de dur labeur, d'amour et de rage condensé en un trip déglingué et visuellement dingue... comme son auteur.
Volontairement elliptique avec son récit épisodique quasiment relégué au rang de prétexte - qui joue même la carte de l'économie de dialogues -, le film, qui s'ouvre sur un passage enflammé de Lévitique, suit la plongée dans les entrailles de l'enfer de The Assassin, sorte de soldat/mineur d'époque avec un casque en étain et un masque à gaz vissé sur le visage. 

© D.R.


Il est notre unique guide dans ce monde de visions cauchemardesques, un univers sombre et humide de chaos, un lieu anarchique où steampunk et chair s'enlacent pour ne plus former qu'un.
Débordant de cruauté (mort, torturé, esclavage,...), la vision de l'enfer de Tippett transpire le mal et le sinistre mais surtout fourmille de détails incroyables, fruit d'un travail monstrueux - à tous les niveaux -, ressemblant continuellement au tableau Hieronymus de Bosch sous acide, ou chaque cadre contient suffisamment de terreur en lui, pour nourrir nos songes pendant des lustres (comme des cafards avec des crânes humains, des mutants créés par des excréments de géants sur des chaises électriques,...).
Mad God se fait autant la relique d'une animation à l'ancienne - la stop-motion - usée avec amour et une pointe de modernisme, qu'une oeuvre animée onirique et surréaliste qui a tout pour être le point de repère du genre pour les décennies à venir.
Un minimum pour l'oeuvre d'une vie.
Jonathan Chevrier