Dune (2021) de Denis Villeneuve

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Oeuvre littéraire monumentale et mythique, le premier tome "Dune" (1965) de Frank Herbert a déjà été adapté d'abord avec le film "Dune" (1984) de David Lynch qui a été malheureusement un échec cuisant à tel point que Lynch reniera son film enterra du même coup les suites qui étaient pourtant prévues. Rappelons aussi que le livre a été adapté en séries TV (2000-2003) mais surtout, le roman est depuis toujours une sorte de chimère depuis les premières tentatives de Alejandro Jodorowsky dès 1970 qui aura pourtant droit à son documentaire avec "jodorowsky's Dune" (2013) de Frank Pavich. Mais on peut aussi citer le projet de 2007 sur lequel ont été pressentis des réalisateurs aussi divers que Peter Berg, Neill Blomkamp, Neil Marshall et même le frenchy Pierre Morel (!). Finalement c'est en 2016 que le projet est relancé avec l'acquisition des droits par Legendary Pictures qui propose le projet à Denis Villeneuve qui venait alors de tourner deux films de SF très différents avec "Premier Contact" (2016) et surtout "Blade Runner 2049" (2017). Il co-signe le scénario avec d'abord Eric Roth célèbre oscarisé pour le scénario de "Forrest Gump" (1994) de Robert Zemeckis notamment, mais aussi pour avoir signé le récent "A Star is Born" (2018) de et avec Bradley Cooper, puis ensuite avec Jon Spaihts plus spécialisé dans le genre SF avec entre autre "Prometheus" (2012) de Ridley Scott, "Doctor Strange" (2016) de Scott Derrickson ou (2017) de Alex Kurtzman. Les trois co-scénaristes ont aussi pu compter sur Brian Herbert (fils de Frank Herbert) et Kevin J. Anderson comme consultants, ces deux hommes étant les écrivains qui ont repris la publication des romans faisant suite aux oeuvre de Frank Herbert. À noter que Villeneuve signe avec ce film son plus gros budget avec 165 millions de dollars, soit moins que bon nombre de blockbusters hollywoodiens, mais plus que les 150 millions de son "Blade Runner 2049" et très loin de ses autres films qui ne dépassaient pas les 50 millions... An 10191, le duc Leto Atréides prend en charge la planète Arrakis sur ordre de l'Empereur. Il débarque avec sa famille et ses hommes les plus fidèles en sachant que c'est un peu un cadeau empoisonné, la planète étant à la fois une source essentielle de pouvoir grâce "l'Epice" une drogue qui prolonge la vie, immunise contre les poisons et offre des facultés mentales supérieures, mais elle est aussi une planète particulièrement dangereuse et hostile. Alors que les forces en présence se préparent à l'inéluctable, le fils Paul Atréides commence à comprendre qu'il va devoir prendre son destin en main...

Le héros est incarné par Timothée Chalamet dont les derniers films sont des drames bien plus terre à terre avec notamment (2017) et "Les Filles du Docteur March" (2019) tous deux de Greta Gerwig. Ses parents sont interprétés par Oscar Isaac qui retrouve la SF après "Star Wars IX : l'Ascension de Skywalker" (2019) de J.J. Abrams, et Rebecca Ferguson qui retrouve aussi la SF après "Life : Origine Inconnue" (2017) de Daniel Espinosa et "Reminiscence" (2021) de Lisa Joy. Il y a évidemment la belle Chani incarnée par qui commence à faire sa place après avoir été une amie de (2017-...) et après avoir été remarquée dans un rôle plus adulte dans "Malcolm et Marie" (2021) de Sam Levinson. Citons ensuite ceux qui retrouve le réalisateur Denis Villeneuve, dont Josh Brolin après(2015), Dave Bautista après "Blade Runner 2049", ces deux acteurs se retrouvent aussi après avoir été à l'affiche de "Les Gardiens de la Galaxie" (2014) de James Gunn suivi des deux derniers (2018-2019) des frères Russo. Josh Brolin retrouve aussi son partenaire Javier Bardem après "No Country for a Old Men" (2008) des frères Coen. Citons encore les acteurs Stellan Skarsgard qui aurait pu croiser le duo Brolin-Bautista puisqu'il a aussi cotoyé les super-héros Marvel de (2011) de Kenneth Branagh à "Avengers : l'Ere d'Ultron" (2015) de Joss Whedon, Jason Momoa qui est lui de l'écurie adverse DC Comics en incarnant (2018) de James Wan vu aussi dans la version "Zack Snyder's Justice League" (2021), moins connu Stephen McKinley Henderson aperçu dans (2012) de Steven Spielberg ou (2016) de et avec Denzel Washington et qui retrouve Timothée Chalamet après "Lady Bird", Chang Chen star vue dans quelques bijoux asiatiques comme "Souffle" (2007) de Kim Ki-Duk, "The Grandmaster" (2013) de Wong Kar-Wai ou "The Assassin" (2015) de Hou Hsiao-Hsien, et enfin, pour finir citons la grande Charlotte Rampling vue récemment dans (2021) de Paul Verhoeven. Notons que le compositeur Hans Zimmer était solliciter pour "Dune" mais aussi pour "Tenet" (2020) de Christopher Nolan, étant donné qu'il est un grand fan du roman le musicien a alors préféré signé la B.O. de "Dune" délaissant Nolan pour la première fois depuis "Le Prestige" ; idem pour le prestigieux Directeur photo Roger Deakins notamment oscarisé pour "Blade Runner 2049", qui n'est pas de cette nouvelle aventure, Villeneuve a donc choisi Greig Fraser pour le remplacer, il aurait été choisi pour "sa capacité à se servir de la nature pour s'en faire une alliée", il a notamment travaillé sur des films comme "Bright Star" (2009) de Jane Campion, "Zero Dark Thirty" (2012) de Kathryn Bigelow, "Rogue One : a Star Wars Story" (2016) de Gareth Edwards ou "Marie Madeleine" (2018) de Garth Davis en attendant le futur "The Batman" (2022) de Matt Reeves... Alors commençons par rappeler que le livre est en deux parties, et qu'il est d'ores et déjà annoncé que deux films reprennent chacun sa partie. 2h35 pour celui-ci, autant se préparer pour un minimum de 2h30 pour la suite. On constate d'emblée la qualité de la photographie, lumineuse et éclatante d'autant plus quand on arrive dans le désert. Ensuite on constate que le rythme est assez lent, chaque scène étant comme une succession de plan icônique, se laissant suivre comme si il ne fallait pas râter une seconde. Sur ce point on pense alors au "Dune" de Lynch mais cette fois Villeneuve y met une réelle dimension épique notamment grâce à un travail sur le son impressionnant, oscillant entre la musique façon grosse armada (là-dessus on regrettera les tambours inadéquates) et les sons plus subliminaux, presque mystiques.

Villeneuve, c'est sûr, sait filmer et mettre à l'image notamment en passant de l'Imax au format 2,35, magnifiant ainsi les scènes de rêves et de désert. Mais malheureusement à force de vouloir soigner la forme, esthétique, technique et mise en scène le réalisateur a délaissé le scénario et la cohérence de l'ensemble... ATTENTION SPOILERS !... Le premier gros bémol : alors qu'on nous répète que la maison Atréide est une des deux plus puissantes de l'Empirium, et que surtout ses légions sont les plus craintes on se demande comment et pourquoi les Atréides se font balayer aussi facilement ?! Expédié en 5mn et c'est réglé, même les meilleurs guerriers s'avèrent sous-exploités voir même inutiles ! Si on ne courent pas forcément après les batailles épiques 5 mn sur 2h35 c'est un peu court... FIN SPOILERS !... Par là même les combats, déjà courts, déçoivent par les chorégraphies sans imagination et sans panache. On reste perplexe sur une histoire qui se déroule en 10191 (soit une des histoires les plus lointaines adaptée au cinéma, des milliers d'années après "Alien" ou "Star Trek" par exemple) et les combats ne se font qu'à l'arme blanche malgré une technologie qui donne des vaisseaux spaciaux surarmés, même si le bouclier explique une préférence, occulter complètement les autres armes est invraisemblable. Paul Atréide/Chalamet a des visions, ok, mais est-ce nécessaire d'en rajouter en remettant à l'image la vision lorsque la prédiction semble vraie ?! À croire que le réalisateur pense que le spectateur est trop stupide pour faire le lien. D'ailleurs, l'acteur manque clairement de crédibilité dans son rôle, trop frêle, trop sage, et même temps trop vieux puisqu'il a normalement 15 ans dans l'histoire. On passera sur d'autres détails, par exemple dans le roman Chani/Zendaya a en fait les "traits de lutin, des yeux noirs et profonds", "un visage d'elfe", "la féminité dans la voix". Des détails pourtant (comme le fait qu'un Krys se gagne et ne se donne pas) car on constate que le film est plutôt très fidèle au premier des romans de la saga littéraire. On en fait aussi beaucoup avec le ver des sables, un monstre archi-omniprésent dans tellement d'oeuvres que cela n'a rien d'excitant ou d'innovant ici, encore moins dans l'aspect de la bête. Pour faire court et simple "Dune" de Villeneuve serait un space opera façon "Star Wars" mais sous calmant, au ralenti. Étirer les scènes intimistes, les palabres de couloirs, insister sur la beauté des songes est une chose, magnifiquement filmée par ailleurs, mais il est dommage que les scènes d'action soient si bâclées, balayant du même coup des personnages qui méritaient sans doute mieux. Vu l'attente c'est donc une petite déception, vu la filmo du réalisateur, c'est une petite déception. Espérons que l'opus suivant relèvera le niveau avec du souffle et du panache. Note indulgente susceptible d'évoluer...

Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :