Exposition

Il faut décider des faits qui sont déjà passés. Cela appartient à l'exposition. Exposer les choses, c'est suspendre l'action en cours pour donner une information. On ne montre plus ce qu'il se passe, on explique ce qu'il s'est passé.

L'exposition est forcément moins dramatique qu'une scène bien pensée. Si une histoire peut raisonnablement ignorer le passé et le contexte des actions présentes, les descriptions ne seront peut-être pas nécessaires. Mais ce ne sera pas facile. Les scènes sont, par nature, très focalisées. N'avoir que des scènes serait comme un film tout en gros plans, sans plans d'ensemble, aucun panoramique sur le paysage pour révéler d'éventuelles silhouettes. Cela peut sembler assez claustrophobe et limité, après un certain temps.

Un sens de la perspective

Dans une fiction, se passer complètement d'explications signifierait que vous ne pourriez pas décrire une personne ou un lieu plus d'une phrase ou deux. Vous ne pourriez pas créer des ellipses sur des périodes de temps où il ne se passe rien d'important, sans que cela n'entraîne une rupture brutale dans le récit. Vous ne pourriez pas prendre une série d'événements confus et rapprochés, prendre du recul et donner au lecteur une vue d'ensemble de ce que tout cela signifie. Vous ne pourriez pas parler du passé ou de l'expérience antérieure des personnages.

L'exposition est moins immédiate à toucher l'âme du lecteur et de la lectrice. Exposer des faits n'est pas vain cependant. Elle fournit une distance qui permet d'apprécier la situation. En pratique, la fiction est un équilibre entre scènes et explications. Cet équilibre se situerait à 1/3 ou peut-être un peu moins d'explications alors que les deux autres tiers seraient des scènes plus intimes ou d'actions pures.

Néanmoins, il faut bien comprendre qu'on ne peut se passer de l'exposition. Une fois que vous en serez conscient, vous ne serez pas aussi facilement tenté de vous interrompre au milieu de votre acte Un ou au milieu d'une crise pour offrir au lecteur un exposé totalement inutile sur la façon dont le protagoniste a été effrayé par un gros chien dans son enfance ou sur l'histoire de l'immeuble où le meurtre a eu lieu.

Le lecteur/spectateur n'est intéressé par une explication qu'après que sa curiosité a déjà été éveillée par quelque chose qui nécessite une explication. Présentez votre personnage, laissez-le agir et se montrer et suscitez la sympathie et la curiosité du lecteur et de la lectrice. Puis racontez le passé, si nécessaire.

Au cours de l'acte Deux, l'exposition peut servir de préparation à quelque chose qui n'arrivera que plus tard. Mais dans son contexte immédiat, elle doit être justifiée par ce qu'il s'est passé juste avant ce point de l'histoire. Dans le cas contraire, l'exposition (ou le rappel des faits) ressemblera à une digression sans intérêt pour le présent, ou même à un présage lourd de sens : une allusion évidente à ce qu'il se passera, mais qu'aucun des personnages ne connaît, sauf l'auteur (l'ironie dramatique si elle est bien pensée peut être utile à l'histoire).

Néanmoins, forcer l'information sur son lecteur est une forme d'intrusion de l'auteur, qu'il faut éviter. Seules les choses importantes pour comprendre cette histoire précise que vous êtes en train de raconter seront expliquées ou donner au lecteur sous une information rapide (les gros titres des journaux par exemple).

Faites en sorte que chaque bribe d'information justifie son inclusion - à tous les niveaux et à ce moment précis de l'histoire. Elle ne devrait pas être plus longue qu'il ne le faut pour faire son travail essentiel. Puis revenez à l'intrigue, dès que possible.

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