[CRITIQUE] : Une fois que tu sais

[CRITIQUE] : Une fois que tu sais

Réalisateur : Emmanuel Cappellin
Acteurs : -
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français
Durée : 1h44min
Synopsis :
Confronté à la réalité du changement climatique et à l'épuisement des ressources, le réalisateur Emmanuel Cappellin prend conscience qu'un effondrement de notre civilisation industrielle est inévitable. Mais comment continuer à vivre avec l'idée que l'aventure humaine puisse échouer ? En quête de réponses, il part à la rencontre d'experts et de scientifiques tels que Pablo Servigne, Jean-Marc Jancovici ou Susanne Moser. Tous appellent à une action collective et solidaire pour préparer une transition la plus humaine possible.
Une odyssée qui touche à l'intime et transforme notre regard sur nous-même et sur le monde pour mieux construire l'avenir.

Critique :

#Unefoisquetusais est un documentaire qui nous montre qu’il est encore possible de repenser notre univers, d’avoir une pensée politique écologique et de retrouver l’espoir, si seulement on se défaisait d’une logique biaisée de rendement et d’institution. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/0hnBBx48Mn

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 10, 2021

Il est facile de rentrer dans le discours moralisateur quand il s’agit d’écologie. Nous avons l’impression qu’il n’y aurait qu’une remise en question individuelle, en pointant d’un doigt accusateur tout ce qui ne va pas dans notre quotidien. Pour Emmanuel Cappellin, la prise de conscience doit se placer ailleurs, sur des actions concrètes, individuelles certes mais également collectives, dans toutes les sphères, que ce soit privées, publiques, politiques. Une fois que tu sais, son documentaire, fait un constat sans appel : notre façon de vivre n’est plus viable pour nos ressources et pour la Terre, nous avons dépassé le seuil. Alarmiste, le cinéaste dépasse cependant le point de vue catastrophique et tente d’ouvrir le débat, de trouver des solutions. Une fois que l’on sait, plus de retour en arrière possible.

[CRITIQUE] : Une fois que tu sais

Copyright Nour Films


C’est par un biais intimiste que le réalisateur commence son film, dans le village drômois de Saillans. Il nous raconte son parcours, ses idéaux, et entame, l’air de rien les hostilités. Sa présence face à la caméra n’est pas envahissante, au contraire, elle fait sens. Assis à son bureau, devant une fenêtre ouverte sur la montagne, il nous ouvre les portes et nous oblige à voir l’inconcevable. Ce plan, d’une étrange beauté dans un documentaire parlant du déclin d’une civilisation énergivore, devient la métaphore de son propos : assis dans les salles obscures, nous observons avec attention ce qu’on nous dit, ce qu’on nous montre, pour mieux se lever et agir par la suite.

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Copyright Nour Films


Une fois que tu sais fait appel à différents expert⋅es et/ou scientifiques qui, dans leur différents domaines, nous invitent à la réflexion. Mais le documentaire évite un côté didactique et redondant parce qu’il donne une émotion et une humanité à ses intervenant⋅es. Le ton est peut-être dans l’urgence, parfois alarmiste, cynique ou en colère mais il n’existe aucune complaisance, aucun jugement dans leur propos. Au contraire, le but du film est d’amener en douceur les choses, de mettre à plat les explications. Malgré la bienveillance, le film nous révolte et nous donne une émotion qui ne nous quitte plus une fois la lumière revenue dans la salle. S’appuyant sur un ouvrage datant de 1972, Les limites de la croissance, écrit par Dennis Meadows, Donella Meadows et Jørgen Randers, nous sommes en droit de se demander comment a-t-on pu arriver à ce point de non-retour. Le livre, sorte de bible pour le réalisateur, présentait plusieurs scénarios possibles, à la suite des croissances économiques et démographiques, et l’effondrement paraissait déjà inévitable. Aujourd’hui, le déclin est en cours et rien ne pourra l’en empêcher. Au cours d’un débat, un intervenant demande directement au cinéaste pourquoi lutter alors que le désastre ne peut être évité. Il est vrai que le désarroi d’Emmanuel Cappellin lui-même et des autres intervenants peuvent faire peur. Mais si nous dépassons cette angoisse, on s’aperçoit vite que nous ne sommes pas seul⋅es et le film décide de mettre l’accent dessus. C’est là où se niche le cœur du propos, même si on peut chaque jour s’améliorer dans une vie plus écologique, c’est avec le collectif que nous pouvons faire bouger les choses. Le documentaire bascule ensuite vers l’espoir, en présentant les différentes luttes dans le monde (contre des politiques bien en retard sur ces questions) et les différentes solutions trouvées par des villages entiers.
Une fois que tu sais se pose comme un tremplin vers un questionnement de notre lien avec l’altérité du monde. Emmanuel Cappellin montre qu’il est possible de repenser notre univers, d’avoir une pensée politique écologique, de retrouver l’espoir si seulement on se défaisait d’une logique biaisée de rendement et d’institution.
Laura Enjolvy
[CRITIQUE] : Une fois que tu sais