Cinéma | TITANE – 08/20

Par Taibbo

De Julia Ducournau
Avec Vincent Lindon, Agathe Rousselle

Chronique : Palme d’Or surprise du dernier Festival de Cannes, Titane a pour lui une singularité et une radicalité qui marquent autant qu’ils clivent. Malgré les influences assumées aux cinémas de Cronenberg et Gaspar Noé, Julia Ducournau impose un style assez unique, mélange malaisant d’érotisme SM et de fantastique gore que l’on est peu habitué à voir sur grand écran. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a des idées et qu’elle sait les traduire à l’image. La première scène, long plan séquence vibrant dans lequel la caméra se ballade entre carrosseries de voitures, stripteaseuses en transe et badauds fascinés en est la première et imposante démonstration. La jeune réalisatrice fait preuve d’une incontestable virtuosité pour mettre en scène son rodéo macabre qu’elle éclaire d’une photographie très travaillée principalement basée sur des lumières artificielles, et qu’elle accompagne d’excellent morceaux musicaux.
Le problème c’est que tout ce talent ne sert pas une histoire.
Avec un pitch aussi absurde, on peut à peu près tout se permettre, ce qui crée une vraie liberté formelle mais une impasse narrative. Surtout, le personnage principal n’est pas un personnage. C’est une idée, un concept. Sans âme, sans construction psychologique. Alexia est un outil pour évoquer le deuil, le trouble du genre, mais qu’on ne peut pas prendre au sérieux car on ne nous donne aucune clé pour comprendre ses aspirations (sans doute n’y en a-t-il pas) ni ses pulsions meurtrières.
Dans le même ordre d’idée, le croisement des deux histoires (celle d’Alexia et celle de Vincent) est tirée par les cheveux. Et on ne parle pas de sa grossesse, fil rouge monstrueux mais tout aussi absurde.
Titane est un objet provocateur, un conte dérangeant fait de chair, de sang, de tôle et d’huile de vidange qui se repaît d’une violence infernale, parfois grotesque, souvent gratuite.
Car c’est le style qui impose ses besoins au récit, et non l’inverse, ce qui est problématique pour donner de la consistance à cette histoire qui part dans tous les sens sans vraiment chercher à raconter quoi que ce soit.
Est-ce que j’ai aimé Titane ? Non.
Mais quand même, c’est quelque chose…

Synopsis : Après une série de crimes inexpliqués, un père retrouve son fils disparu depuis 10 ans. Titane : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion, donnant des alliages très durs.