[CRITIQUE] : Sweet Thing

[CRITIQUE] : Sweet ThingRéalisateur : Alexandre Rockwell
Acteurs : Will Patton, Karyn Parsons, Lana Rockwell, Nico Rockwell,...
Distributeur : Urban Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h31min
Synopsis :
New Bedford, Massachusetts. Billie, jeune adolescente, et son petit frère Nico luttent pour trouver leur place dans une famille dysfonctionnelle. Partagés entre un père alcoolique mais aimant et une mère trop souvent absente, leur vie oscille entre malaises et incompréhensions. Lors d’un été mouvementé, ils rencontrent Malik, jeune garçon en quête de liberté et décident de fuguer avec lui afin de vivre leur propre aventure.

Critique :

Catapulté au coeur de la lower-class du Massachusetts, et scrutant la fugue de 3 mômes conscients du monde désenchanté qui les entoure, #SweetThing est un bijou de drame intime et brutal qui questionne son auditoire sur le traumatisme cyclique de la violence et de la maltraitance pic.twitter.com/gXLz8HGCzB

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 22, 2021

Qu'il fait si bon, entre quelques grosses cylindrées d'un été des blockbusters véritablement lancé depuis ce mercredi (un comble, quant on sait que la politique gouvernementale a justement enclenché ses restrictions à la même date), de se perdre dans les bras pelliculées d'une péloche aussi modeste que volontairement épurée, pour embrasser la simplicité et la quiétude d'une séance qui ne peut que nous faire du bien.
Résolument de celles-ci, Sweet Thing d'Alexandre Rockwell (ex-étoile montante de Sundance, qui n'a jamais vraiment pu décoller à l'instar de Kevin Smith ou même Robert Rodriguez et Quentin Tarantino, avec qui il a collaboré sur la pantalonade Four Rooms), au même titre que Bonne Mère d'Hafsia Herzi ou encore Onoda - 10 000 nuits dans la jungle d'Arthur Harari, est une invitation à une évasion certes fugace mais essentielle, qui risque de vite crouler sous le poids d'une distribution hexagonale plus que chargée.

[CRITIQUE] : Sweet Thing

Copyright Urban Distribution


Catapulté au coeur de la lower-class du Massachusetts - dans le petit patelin du New Bedford - et scrutant la fugue en avant de trois mômes totalement conscient du monde désenchanté qui les entoure, le film n'édulcore jamais la vie difficile des enfants défavorisés errant dans des milieux difficiles, mais il capture pourtant joliment l'émerveillement et l'imagination foisonnante de l'enfance, au sein d'un malaise post-industriel contemporain, rappelant la dureté rugueuse des bandes Hollywoodiennes à l'heure de la Grande Dépression.
Drame vibrant shooté dans un noir et blanc aussi douloureux qu'enchanteur (avec de brefs éclairs de couleurs), montrant bien comment les problèmes d'abus, de négligence parentale et de dysfonctionnement familial sont vécus dans les nuances de gris de la vie; Sweet Thing est un cri du coeur sur comment de nombreux enfants à travers le globe, grandissent trop vite et apprennent très tôt les dures réalités, certains ayant même en eux la force de chercher à trouver une sorte de normalité, en fuyant dans un monde fantastique où ils pensent de manière tendrement innocente, avoir un contrôle total, même sous le joug de la peur et de la paranoïa. 
Gentiment logé sous l'aura tutélaire de Terrence Malick, auquel il rend un hommage plus que marqué à son chef-d'oeuvre Badlands (de la B.O. reprenant Gassenhauer de Carl Orff à son récit humain mais glacial de jeunes en fuite, en passant par capture en 16mm de la beauté incandescente des paysages du sud ricain), mais aussi du mythe de Peter Pan (comme le récent Wendy de Benh Zeitlin), le film questionne son auditoire sur le traumatisme cyclique de la violence et de la maltraitance au travers d'un périple tendu et intemporel, ou chaque émotion est volontairement exacerbée.

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D'un minimalisme et d'une intimité brute - au point de ne pas être toujours facile à regarder -, rugueux tout en étant constamment porté par un vrai sentiment d'amour et d'espoir, notamment véhiculé par les performances naturalistes de son casting vedette (des superbes Lana et Nico Rockwell, les propres enfants du réalisateur, à un Will Patton habité en père alcoolique et pathétique toujours à deux doigts de devenir un monstre); Sweet Thing est une petite pépite indé authentique et magistrale sur la fin de l'innocence et de l'enfance, une vraie expérience aussi mélancolique et poétique que cathartique, qui vaut clairement son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Sweet Thing