[CRITIQUE] : Bonne Mère

[CRITIQUE] : Bonne Mère

Réalisatrice : Hafsia Herzi
Acteurs : Sabrina Benhamed, Halima Benhamed, Justine Grégory, Noémie Casari,...
Distributeur : SBS Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h39min
Synopsis :
Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2021
Nora la cinquantaine, femme de ménage, veille sur sa petite famille dans une cité des quartiers nord de Marseille. Elle est préoccupée par le sort de son grand fils Ellyes, qui incarcéré depuis plusieurs mois pour des faits de braquage, attend son procès avec un mélange d'espoir et d'inquiétude. Nora fait tout pour lui rendre cette attente la moins insupportable possible...


Critique :

Pas si éloigné du lyrisme de #LaGraineEtLeMulet, superbement incarné par Sabrina Benhamed dont la sagesse et la grâce irradient l'écran, #BonneMère est un beau drame social prenant les contours d'un hommage aux héroïnes du quotidien, qui se sacrifient sans réserves pour les siens pic.twitter.com/a6q7b6QrLi

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 21, 2021

On avait découvert le pendant réalisatrice de la talentueuse Hafsia Herzi en 2018 avec Tu mérites un amour, chronique un brin bricolé aussi mélancolique et intense que profondément lucide, sur une jeune femme brisée par une rupture sentimentale, que la cinéaste incarnait justement avec force et sensibilité.
Toujours adoubé par la Croisette, mais cette fois sans la lourde triple casquette d'actrice/scénariste/réalisatrice (juste les deux dernières), elle nous revient en ce (très) chargé mois de juillet ciné avec un second long-métrage, Bonne Mère, un magnifique drame social - mais pas dénué d'humour - qui peut intimement se voir une lettre d'amour aux femmes fortes et attentionnées qui sont si rarement vues ou appréciées à leur juste valeurs, et dont la dévotion peut parfois amener à un vrai abandon d'elles-mêmes.

[CRITIQUE] : Bonne Mère

© 2021 Photo Guy Ferrandis / SBS Productions


Catapulté dans une cité phocéenne toujours aussi cinématographique, elle scrute les aléas d'une famille comme les autres mais avant tout de sa matriarche, Nora, qui tente de joindre les deux bouts à tous les niveaux, même si les siens ne font pas autant d'efforts qu'elle; une " bonne " mère - tout est dans le titre - courageuse et aimante que l'on aimerait réellement serrer dans nos bras pour la force inébranlable de sa nature altruiste et patiente.
Elle n'est pas nécessairement la voix la plus forte, ni la plus respecté (au sein même de son propre foyer) et certains de ses choix ne sont peut-être pas toujours raisonnables, mais ils sont compréhensibles : elle ferait n'importe quoi pour ses enfants ou, tout du moins, tout ce qu'elle peut, quitte à s'oublier et à plier - mais jamais rompre - sous le poids de la fatigue.
Pas si éloigné du lyrisme de La Graine et le Mulet de Kechiche (dans lequel elle est somptueuse) tout en étant toujours autant obsédé par un naturalisme brut - voire même extrême - et une volonté de retranscrire avec authenticité la réalité, Herzi accumule les petits bouts de vie détaillés pour mieux nourrir son portrait vibrant d'une femme qui se sacrifie au quotidien, sans la moindre réserve.
Superbement incarné par Sabrina Benhamed, dont la sagesse et la grâce irradient l'écran, Bonne Mère se fait la célébration et l'hommage (certes un chouïa prévisible, mais ce n'est pas tant un défaut ici) de ses héroïnes de la vie de tous les jours aussi humble que leurs valeurs, luttant contre l'adversité et une violence sociale qui gangrène sournoisement nos foyers.

[CRITIQUE] : Bonne Mère

© 2021 Photo Guy Ferrandis / SBS Productions


Jamais trop verbeux (toute sa force est souvent logée dans les non-dits), Hafsia Herzi fait de sa Nora la gardienne d'un château de carte qui menace continuellement de s'effondrer, mais qui tient encore et toujours par la force de sa propre volonté, et signe un second long lumineux et à la sincérité confondante, qui fait déjà d'elle l'une des cinéastes les plus à suivre du moment, au sein du cinéma hexagonal.
Vivement (vraiment) la suite.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Bonne Mère