Le dahlia bleu

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le dahlia bleu » de George Marshall.

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« Se faire larguer deux fois dans la même journée, c’est trop ! »

Démobilisé, l'aviateur Johnny Morrison retrouve sa femme Helen en compagnie d'un individu louche, Eddie Harwood, patron d'une boîte de nuit, le Dahlia Bleu. Johnny erre dans la nuit et rencontre une mystérieuse jeune femme, Joyce. Le lendemain, Morrison apprend que sa femme vient d'être assassinée.

« Tout le monde vous a déjà vu quelque part. Le plus dur c’est de vous trouver ! »

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Considéré – au même titre que Dashiell Hammett – comme le père du roman noir américain, Raymond Chandler est l’auteur d’une œuvre foisonnante qui aura fortement inspiré le cinéma. A commencer par son personnage de Philip Marlowe, archétype du détective privé, dont les aventures ont presque toutes été portées à l’écran (« Adieu ma belle », « Le grand sommeil », « La pièce maudite », « Le privé »). En pleine vogue du film noir, c’est d’ailleurs fort logiquement qu’Hollywood fit appel à ses talents d’écrivain pour adapter des romans noirs pour le cinéma. Il officiera ainsi comme scénariste sur plusieurs films à succès, comme « Assurance sur la mort » (Wilder, 1944), « Le bonheur est pour demain » (Pichel, 1944) et même sur « L’inconnu du Nord-Express » (Hitchcock, 1951). En 1946, il proposera ce qui sera son unique scénario original, « Le dahlia bleu », dont la réalisation sera confiée au prolifique et expérimenté George Marshall, spécialiste des comédies populaires (avec Bob Hope ou Laurel et Hardy notamment) et des westerns de série B (« Texas », « Femme ou démon »), qui signe là une rare incursion dans l’univers du film noir. Pour la petite histoire, le succès du film inspira la presse qui affubla le sordide assassinat de la jeune apprentie actrice Elizabeth Short, survenu quelques mois seulement après sa sortie, du nom de « dahlia noir ».

« Vous faire confiance ? Mais ce n’est pas un jeu pour moi ! »

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Tous les hommes qui reviennent de la guerre ne sont pas systématiquement accueillis en héros. C’est qu’en leur absence, leurs épouses ont parfois profité d’une forme de liberté retrouvée. Loin des yeux, loin du cœur dit-on. Et quand les retrouvailles déjà explosives se concluent par un meurtre, forcément c’est la panique à bord. Considéré comme un classique du film noir, « Le dahlia bleu » se rapproche pourtant davantage d’un film policier de facture assez classique dont l’intrigue porte, pour l’essentiel, sur la résolution d’un meurtre. Comme une sorte de « whodunit » qui donnera lieu pour son héros, considéré comme le principal suspect, à une longue fuite en avant à travers la ville de Los Angeles. De quoi lui permettre d’échapper à la police le temps de mener sa propre enquête à même de le disculper. Plus que son intrigue dont le dénouement parait un peu téléphoné et pour le moins décevant, le film vaut surtout pour son ambiance un peu poisseuse (vie nocturne, bars à la mode et univers interlope) et sa galerie de personnages pour le moins insolites : du patron mafieux frimeur au détective privé peu scrupuleux en passant par le traumatisé de guerre dont la mémoire embrouillée fait place à des crises de violence imprévisibles. En creux, le film évoque surtout le difficile retour à la vie civile des hommes qui ont été mobilisés pendant la guerre (question également au centre du magnifique drame « Les plus belles années de notre vie » de Wyler sorti la même année). Mais plus que tout, le principal intérêt du film demeure le couple mythique Alan Ladd-Veronica Lake qui partage ici l’affiche pour la troisième et avant-dernière fois (quatre ans après « Tueur à gages » et « La clé de verre ») et qui constitue clairement son atout charme numéro un. Sans atteindre les sommets du genre, « Le dahlia bleu », a qui il manque sans doute un peu de cette dimension vénéneuse que son titre semblait promettre, n’en demeure pas moins un polar tout à fait prenant et plaisant.  

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Le DVD : Le film et présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de trois présentations respectivement signées Bertrand Tavernier, Patrick Brion et François Guérif.

Édité par Sidonis Calysta, « Le dahlia bleu » est disponible en DVD depuis le 6 avril 2021.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.